Dassault Aviation sur le point de contrôler Thales

Un peu plus d'un mois après avoir exprimé son intérêt pour acquérir la participation d'Alcatel-Lucent dans Thales (20,8 %), Dassault Aviation est parvenu à s'entendre avec l'équipementier de télécoms. Ils n'ont topé que dans la journée de lundi. En dépit des précautions d'usage, le PDG de Dassault Aviation, Charles Edelstenne, et le président du conseil d'administration, Philippe Camus, devraient finaliser au terme de la période d'exclusivité, qui court jusqu'au 15 décembre, une opération qui lance une nouvelle phase de la consolidation de l'industrie de défense. Pour la très bonne raison que les deux hommes ont trouvé un accord sur le prix : 38 euros par action. Cela correspond à une prime de 25 % sur le cours moyen ? 30,40 euros ? de Thales ces derniers jours. L'opération représente 1,56 milliard d'euros, qui va gonfler les caisses d'Alcatel-Lucent.C'était pourtant loin d'être gagné : Dassault Aviation a longtemps proposé guère plus que le cours actuel de Thales plus une prime de 10 % tandis qu'Alcatel-Lucent restait campé sur 40 euros. Chacun a fait une partie du chemin, Charles Edelstenne, qui n'a pas l'habitude de dépenser sans compter, en a fait beaucoup plus que Philippe Camus, en position de force en tant que vendeur qui pouvait prendre son temps. Car l'Élysée, très moteur, a poussé de tout son poids pour que l'opération se fasse. Au point de tordre le bras à EADS, qui guignait avec insistance Thales depuis des années, et d'ignorer tous les projets de croissance de l'électronicien, dont celui de fusionner avec Safran.C'est donc une équipe resserrée qui a animé ces dernières semaines de négociations. À la man?uvre, Charles Edelstenne, en contact étroit avec Serge Dassault, et son directeur financier, Loïk Segalen, son homme de confiance, du côté de Dassault Aviation, et, chez Alcatel-Lucent, Philippe Camus associé au directeur général, Ben Verwaayen, et au directeur financier, Hubert de Pesquidoux, en contact avec leur conseil d'administration.Qu'est-ce qui pourrait encore faire capoter l'opération ? L'Autorité des marchés financiers, qui pourrait exiger que Serge Dassault, qui souhaite contrôler Thales, lance une OPA sur l'électronicien. Auquel cas l'avionneur, qui a demandé depuis le mois de septembre un avis aux plus éminents cabinets juridiques de Paris, renoncerait. Mais cela semble peu probable même si Dassault Aviation a averti, dans un communiqué commun avec Alcatel-Lucent, qu'il déposerait « une demande de non-lieu à offre publique obligatoire ».Pour autant, cette opération comporte encore de très nombreuses zones d'ombre sur le devenir de Thales, notamment de ses activités navales, sur l'âge des repreneurs (quid après eux ?), et sur les relations futures entre Dassault Aviation et l'État, qui détient 27,11 % de l'électronicien. Les deux parties ont engagé des discussions « en vue de définir les termes de leur partenariat ». L'État a déjà déclaré qu'il ne s'assiérait pas sur ses droits. Mais les gouvernements passent.
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