Jerry Yang quitte Yahoo au milieu du gué

Jerry Yang n'aura pas connu la plus haute fonction de l'entreprise très longtemps. Appelé à la rescousse du portail Internet en juin 2007, le fondateur de Yahoo a annoncé lundi soir sa démission prochaine de son poste de PDG, une fois qu'un successeur lui serait trouvé. Le quadragénaire conservera un siège d'administrateur et retrouvera son rôle de « chief yahoo », sorte de patron de la stratégie qu'il a toujours au sein du portail Internet. Évoquée comme possible successeur, Susan Decker, l'ancienne directrice financière de Yahoo devenue n° 2, ne fait pas l'unanimité au sein du conseil d'administration. En changeant de patron, Yahoo espère clore la période de tensions qu'il connaît depuis février 2008 et la proposition de rachat faite par Microsoft. Malgré de récents appels du pied envers l'éditeur de logiciels, Jerry Yang reste l'emblème de la lutte anti-Microsoft. En février, lorsque le géant de l'informatique propose une reprise du portail à 31 dollars par action, soit 44,6 milliards de dollars, Jerry Yang lui oppose un premier refus, même s'il la laisse la porte entrouverte. Il assure que l'entreprise, pourtant toujours davantage distancée par le géant Google, peut continuer en solo. Il joue peu après son va-tout en affirmant à Steve Ballmer, le PDG de Microsoft, qu'il n'est pas autorisé à nouer d'alliance. Début mai, changement de stratégie. Assurant qu'il a désormais l'autorisation du conseil d'administration de vendre la société, il retourne voir le patron de Microsoft pour lui présenter la mariée. Mais le PDG de Microsoft a changé son fusil d'épaule. Et abandonne officiellement son projet de rachat. Entre-temps, la valeur de Yahoo a chuté. moment charnière Malgré un bond de l'action hier de 15 % en séance à 12,2 dollars, le portail vaut aujourd'hui seulement un peu plus de 16 milliards de dollars, bien loin des 44 milliards offerts par Microsoft. Avec des ventes qui patinent et des perspectives moroses compte tenu de la conjoncture, Yahoo est à un moment charnière. Même s'il a rompu avec la stratégie de son prédécesseur Terry Semel pour réorienter le portail vers la technologie et le sortir des médias, Jerry Yang n'a pas su lui dessiner d'avenir. Un temps étudié, un rapprochement alternatif avec AOL n'a pas eu lieu. En raison de problèmes de concurrence, le partenariat annoncé avec Google dans les liens sponsorisés (liens commerciaux qui apparaissent en fonction des recherches effectuées par les internautes), considéré comme l'arme absolue contre Microsoft, a été abandonné. L'éditeur de logiciels, encore plus en retard sur Internet que Yahoo et qui n'a pas non plus la solution miracle, profitera-t-il de l'affaiblissement de Yahoo?? Steve Ballmer, le patron de Microsoft, a soufflé ces dernières semaines le chaud et le froid, affirmant à certains que le portail ne l'intéressait plus, à d'autres qu'une alliance restait pertinente. Elle pourrait concerner uniquement la partie liens sponsorisés, là où Microsoft souffre le plus. Mais la récession, le coût du crédit et le changement de présidence américaine, qui pourrait durcir la politique des autorités de la concurrence sont autant de facteurs susceptibles de retarder, voire d'hypothéquer toute opération, même voulue.
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