Le prix des quotas de CO2 se rapprochent d'un prix plancher

Victime collatérale de la crise financière, le marché du carbone est désormais tout proche d'un niveau considéré comme plancher par les professionnels. La tonne de CO2 européenne n'a cessé de plonger, et présente désormais un niveau inférieur de 43 % à son plus-haut du mois de juillet, à 16,60 euros hier soir. Le ralentissement économique entraînera une réduction automatique des émissions, certaines industries ralentissant leurs cadences, si bien que la pénurie de quotas devrait être moins forte que prévu. C'est cette perspective qui a poussé l'EUA (*) à la baisse. La différence de prix, ou spread entre les CER (*) et les EUA, des tonnes de CO2 que l'on distingue en fonction de leur origine, s'est donc réduite à la portion congrue : le CER cotait 15 euros hier soir sur l'Incontinental Exchange. Ce qui s'explique par l'intégration des deux marchés : depuis six semaines, les CER qui étaient accessibles uniquement par voies détournées sont directement accessibles sur les marchés européens. Comme ils sont moins chers, pour un produit équivalent, certains intervenants et surtout les producteurs d'électricité ont changé leurs propres CER en EUA. Le mouvement de vente d'EUA et d'achat de CER a logiquement réduit la différence de prix. De plus, les CER se rapprochent de prix en dessous duquel les vendeurs se font très rares. En effet, réduire des émissions dans les pays du protocole de Kyoto a un coût. Si les projets de réduction des gaz à effet de serre des chimistes français Arkema et Rhodia ont pu se faire pour seulement quelques euros par tonne de CO2 évitée, c'est parce qu'ils concernaient des gaz à fort effet de serre, le protoxyde d'azote et les gaz HCFC. Des gaz qui sont respectivement 310 et 11.000 fois plus efficaces que le CO2 pour réchauffer l'atmosphère. Le coût des projets actuels a toutefois évolué. Qu'ils concernent la construction d'une ferme éolienne en Chine ou l'utilisation de la biomasse en Inde, les projets de CER coûtent entre 11 et 13 euros par tonne de CO2 éliminée. De plus, l'essor des marchés du carbone ces derniers mois plaide en faveur d'une certaine tenue du marché. « Beaucoup d'investisseurs sont arrivés sur le marché des CER depuis six mois, à un niveau de prix compris entre 13 et 15 euros. Ils n'ont aucune raison d'en sortir, et gardent leurs crédits », explique Emmanuel Fages à la Société Générale.tendance émettriceÀ long terme, les motifs de hausse ne manquent pas. En effet, les pays engagés dans le protocole de Kyoto sont mal partis pour être dans les clous d'ici à la fin du protocole de Kyoto en 2012. Si l'on en croit les données de l'ONU publiées lundi, la plupart des pays sont sur une tendance de plus en plus émettrice. Or le protocole prévoit que les pays trop émetteurs puissent se procurer des crédits CER sur le marché, s'ils ne parviennent pas à réduire leurs propres émissions. Selon les estimations de NewCarbonFinance, les pays engagés dans le protocole devront au total acheter sur le marché 2,3 milliards de tonnes de CO2. Soit un coût de 35 milliards d'euros pour l'Europe et le Japon principalement. Des pays comme l'Italie devraient ainsi mettre 6 milliards d'euros sur le marché des CER pour respecter leurs engagements.(*) voir lexique Aline Robert
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