L'Inde se voit en locomotive dans un monde en crise

L'Inde n'est pas à l'origine de la crise, mais on nous a demandé de faire partie de la solution » : Palaniappan Chidambaram, ministre des Finances, ne dissimulait pas, hier, sa satisfaction, après son retour du G20 de Washington. Une conférence internationale qui a consacré le rôle de l'Inde parmi les grandes puissances et qui sera désormais, selon lui, « le forum le plus important pour les questions économiques internationales ». S'exprimant devant les centaines de leaders des affaires rassemblés pour le Sommet organisé par le World Economic Forum de Davos et l'organisation patronale indienne CII, le ministre a mis en avant les atouts de l'Inde dans la débâcle actuelle. Si la croissance indienne devait ralentir jusqu'à 6 ou 7 %, a-t-il lancé, « ce serait encore trois fois la croissance moyenne mondiale de 2 % prévue l'année prochaine ». Et le gouvernement indien croit à un net rebond fin 2009. « Nous allons retrouver un taux de croissance élevé (de 9 %) au second semestre de l'année budgétaire 2009-2010 », a déclaré hier le ministre des Finances. Reste que l'activité devrait rester robuste, car « c'est le marché intérieur qui va nous tirer », a estimé K. V. Kamath, directeur général de la banque ICICI et président de la CII. Un marché intérieur avec plus de 1,1 milliard de consommateurs qui fait rêver les entreprises internationales ? beaucoup d'américaines, de General Electric à PepsiCo, très peu de françaises ? présentes au forum.« opportunité »La crise internationale est même vue en Inde comme une source d'opportunités. « Ce serait trop dommage de gâcher une telle crise », aimait-on à répéter dans les couloirs. Et les consultants d'appeler les entreprises indiennes à lancer des stratégies de croissance et d'acquisitions. De fait, estime M. Kamath, « elles sortiront de là transformées en véritables acteurs globaux, plus efficaces et compétitifs ». Et sur le plan financier, Stuart Popham, de Clifford Chance, a affirmé que la crise ouvrait à l'Inde une « opportunité exceptionnelle de devenir un centre financier international ».Pour autant, le forum n'a pas sombré dans l'optimisme béat. En aurait-il été tenté que d'innombrables interventions étaient là pour rappeler aux participants les problèmes monumentaux que doit affronter le pays. Les 6 ou 7 % de croissance de l'Inde font peut-être rêver les Occidentaux, mais « ce n'est pas assez pour un pays en développement », a souligné Ramalinga Raju, président de Satyam, l'une des plus grosses entreprises high-tech.Car la médaille a un revers : si les perspectives de développement sont immenses, c'est parce que tout est à faire? Alors que plus de la moitié des Indiens vivent dans une très grande pauvreté, comme l'a rappelé Kamal Nath, ministre du Commerce et de l'Industrie, les infrastructures du pays sont dans un état catastrophique. Plus de 40 % de la population n'est pas reliée au réseau électrique, et 30 % de la production se perd du fait de transmissions défectueuses? La même situation prévaut dans les transports, l'eau, la santé, l'éducation. Autant dire que le ralentissement en cours, de 9 % ces dernières années jusqu'à peut-être 6 %, ne sera pas indolore, loin de là.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.