L'affiche de « L'ennemi public n° 1 », le deuxième épisode des aventures de Jacques Mesrine, donne le ton. Vincent Cassel a le visage supplicié du héros piégé. Mesrine fusillé porte de Clignancourt le 2 novembre 1979 ressemble à Mel Gibson crucifié dans « la Passion du Christ ».« L'Instinct de mort », le premier opus, sorti le 22 octobre dernier, racontait la construction d'un homme passé de l'Algérie où il était soldat à la tentation du banditisme dans une France où règne une pègre issue de la guerre et de l'OAS. « L'Ennemi public n° 1 » montre un électron libre et solitaire revenu de son exil canadien pour braquer des banques, narguer l'ordre établi, balader la police et la presse, et vivre en parallèle un bonheur presque petit bourgeois, avec des fiancées rencontrées souvent au bordel.Ce qui sauve le film de l'éclatement, à l'instar de son héros, c'est justement le poids d'un destin et la marche inexorable vers la mort qui habite toutes les séquences. Comme Arthur Penn pour « Bonnie and Clyde », Richet dilate le temps pour l'embuscade, montre une bâche bleue qui bat au moindre souffle de vent, la police qui a investi chaque immeuble, les feux rouges qui arrêtent le couple, Sylvia Jeanjacquot et son chien blottis contre le gangster. Et puis la bâche se lève. Et là, devant le capot, les armes qui crachent le feu et le sang?30 minutes haletantesLa scène dure près de trente minutes. C'est le point d'orgue d'un édifice de quatre heures. Olivler Gourmet se transforme en commissaire Broussard jubilant, Ludivine Sagnier joue la poule gentille et sensuelle, qui vivra tout jusqu'au bout. Bravo aussi à Mathieu Amalric, autre caméléon du cinéma qui joue un François Besse impressionnant dans l'évasion de la Santé.Tous permettent à Vincent Cassel d'éclater dans ce Mesrine, qui restera l'une des grandes réussites du cinéma français de l'année 2008. M. P.

latribune.fr

01 Déc 2008, 10:20

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