Nouvelle menace sur le cacao

C'est une toute petite chenille, mais elle fait l'objet d'une haute surveillance en Côte d'Ivoire, premier pays producteur de cacao. Habituées aux dahoma, un arbre tropical aux larges feuilles, les larves « Achaea catocaloides rena » se sont propagées au Liberia durant le mois de janvier, avant d'attaquer des fermes cacaoyères de la région de Man, dans l'ouest de la Côte d'Ivoire, ces derniers jours. Voilà qui ne devrait pas arranger les affaires des acheteurs de cacao, qui ont déjà vu les fèves grimper de 70 % sur 2008, principalement en raison d'une très mauvaise récolte ivoirienne. Le cacao a touché un plus-haut depuis vingt-quatre ans le 24 janvier, à 2.000 livres sterling la tonne, en raison de la chute de la monnaie britannique. Depuis, la fièvre est retombée, même si en euros ou en dollars, le cacao demeure à des prix historiquement élevés. à Londres, le cacao a reculé de 7 % depuis, à 1.854 livres sterling la tonne hier : les fèves sont visiblement rattrapées par la crise économique. « Depuis deux semaines, le marché arrête de se focaliser sur l'offre pour s'intéresser à la demande. On parle d'un recul de 1 % à 10 % de la consommation de cacao cette année », avance Éric Sivry, responsable du courtage chez Fortis à Londres. Certains industriels du broyage en Europe de l'Est et en Asie seraient ainsi en position difficile, coincés entre une matière première chère et une demande brusquement absente. Mais cet accès de faiblesse du cacao ne devrait pas trop se prolonger. Pour la troisième année consécutive, la campagne 2008-2009 devrait en effet se solder par un déficit de fèves, de l'ordre de 300.000 tonnes. Un déclin structurel de l'offre principalement lié aux difficultés des paysans ivoiriens, qui peinent à financer les intrants que requièrent les cacaoyers. L'État ivoirien prélève en effet des taxes importantes sur la vente des fèves, ce qui incite les agriculteurs à se détourner du cacao. Une situation qui ne devrait pas s'arranger de sitôt, même si le Ghana travaille d'arrache-pied à améliorer sa filière cacao. Et sur le marché physique de Londres, les stocks sont de plus en plus modestes, soit 290.000 tonnes au dernier comptage, et toujours concentrés aux main d'un seul acteur, au grand dam des industriels européens. Aline Robert
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