Laurence Nardon, responsable du programme espace à l'IFRIQuelles sont les motivations des pays à se lancer dans la course à l'espace ?Historiquement, entre les États-Unis et l'Union soviétique, il y a eu dans les années 1960 une course à l'espace qui allait donner au vainqueur un prestige international retentissant, lui permettant de confirmer son statut de grande puissance aux yeux de l'opinion publique mondiale. Et, en dépit des premiers succès soviétiques, avec Spoutnik et Youri Gagarine, l'histoire n'a retenu que le premier pas américain sur la Lune. C'est en quelque sorte la victoire de la communication américaine.C'est toujours le cas aujourd'hui ?Les motivations varient selon les pays. En Chine, la question du prestige est primordiale. Les dirigeants chinois veulent installer une image de grande puissance aux yeux de leur opinion publique et du reste du monde. Pékin poursuit également un réel intérêt stratégique de domination, comme l'indique la démonstration de force des militaires avec la destruction, en 2007, de l'un de leurs satellites. C'est moins le cas en Inde, où l'on considère l'espace d'abord comme un outil technologique au service des citoyens et de l'amélioration de leur vie. L'espace doit être avant tout utile : il est considéré comme un secteur dans lequel il faut investir, car il redonne de la technologie au reste du pays.Y a-t-il une motivation stratégique de l'accès à l'espace ?L'accès à l'espace passe d'abord par une réelle capacité militaire, en maîtrisant la technologie des missiles balistiques. La plupart des pays émergents veulent ensuite faire évoluer cette maîtrise missilière vers une capacité dans le domaine du lancement de satellite. Certains l'ont déjà fait, mais l'autonomie stratégique reste une dynamique complexe.Propos recueillis par Michel Cabirol

latribune.fr

31 Juill 2009, 1:38

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