Resté trop vague, le président a concentré les critiques

« Les contribuables américains financeront des avortements », déclarait il y a quelques jours le porte-parole d'une association profamille, tandis qu'à la fin juillet le leader des républicains à la Chambre, John Boehner, laissait entendre que « le gouvernement, en demandant des alternatives médicales pour les personnes en fin de vie, encourage l'euthanasie ». Ces assertions ? fausses ? ne font qu'envenimer le débat qui fait rage aux États-Unis depuis le début de l'été sur la réforme de la couverture maladie. Mais si Barack Obama a fort à faire pour éteindre ces incendies, qui se déclarent aux quatre coins du pays, il en est en partie responsable.fantasmesAinsi, il a donné une date butoir ? avant la fin de la session parlementaire, début août ? pour que le Congrès adopte un texte de loi et le lui présente. Dans un contexte de crise économique et d'explosion du déficit budgétaire, demander une réforme qui implique ? au moins dans un premier temps ? des dépenses supplémentaires, paraît déjà aventureux. L'initiative fétiche du président a vite été baptisée « la réforme à 1.000 milliards de dollars ». Mais vouloir la faire à marche forcée était encore plus dangereux.Pis, au lieu de préciser exactement ce qu'il souhaitait voir dans le texte de loi, pour une réforme sur laquelle il a gagé son mandat, Obama a simplement donné un objectif : celui de couvrir tous les Américains, quand 84 % seulement bénéficient d'une assurance-maladie aujourd'hui. Comment offrir une couverture aux 47 millions de personnes qui n'en ont pas ? Il n'a donné aucune directive? Comme rien n'a encore été débattu en séance plénière, les différents textes élaborés par les commissions, au Sénat ou à la Chambre, encore largement amendables, alimentent tous les fantasmes, de l'avortement ? un dossier très américain, à l'euthanasie. Tous ces ingrédients auraient sans doute été suffisants pour mettre Obama en difficulté. Si l'on y ajoute le traditionnel sentiment anti-« big government », exacerbé par l'intrusion de l'État dans l'économie avec les plans de sauvetages nécessités par la crise, le cocktail devient détonant? L. J. B.
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