L'Europe ouvre l'explosif chantier du climat

Jean-Louis Borloo ouvre ce matin, à Luxembourg, les hostilités sur le grand chantier du paquet climat européen. Comme il le souhaitait, le ministre français de l'Écologie arrive en position de force devant ses homologues européens avec l'adoption, samedi en France, du projet de loi relatif au Grenelle de l'environnement (lire encadré ci-contre). Car la tâche n'est pas simple.L'Union européenne a maintenu, lors du dernier sommet des chefs d'État et de gouvernement, ses objectifs en matière de lutte contre le réchauffement climatique, mais a ménagé les pays qui en contestent les modalités d'application, comme l'Italie, la Pologne et sept autres nouveaux États membres de l'Union qui agitent le chiffon rouge du veto. Il va donc falloir trouver des compromis pour ne pas remettre en cause les trois objectifs européens pour 2020 : 20 % de réduction des émissions de gaz à effet de serre, 20 % d'énergies renouvelables dans la consommation et 20 % d'économies d'énergie. Et boucler le paquet lors du prochain Conseil européen des 11 et 12 décembre qui va coïncider avec la fin de la Conférence des Nations unies sur le climat qui se tiendra à Poznan. Les objectifs sont restés les mêmes, le calendrier aussi, à charge pour la Commission européenne et pour la présidence française de l'Union de trouver " des solutions pour les pays qui ont manifesté leur inquiétude ", a observé Nicolas Sarkozy lors de la clôture du dernier sommet des Vingt-Sept à Bruxelles. Les pays contestataires estiment que, en ces temps de grave crise financière, " la politique de l'Union devrait réconcilier les objectifs environnementaux et la nécessité d'une croissance économique soutenue ", selon une déclaration commune qu'ils ont adoptée. L'Italie a même avancé un coût supplémentaire de 25 milliards d'euros.FLEXIBILITELa crise financière a cependant bon dos, car les émissions de gaz à effet de serre seront payantes à partir de 2013. D'autant que la Commission européenne a déjà prévu des flexibilités dans la rédaction des quatre directives relatives au paquet climat. Par exemple, pour atteindre la moyenne de 20 % d'énergies renouvelables en 2020, la France devrait porter sa part de 10,3 % aujourd'hui à 23 %, la Suède de 39,8 % à 49 %, mais la République tchèque de 6,1 % à 13 % seulement. Par ailleurs, une partie des recettes provenant des émissions payantes des gaz à effet de serre à partir de 2013 servirait à financer la solidarité entre les pays, car les plus riches devraient mettre à disposition de leurs partenaires moins aisés 10 % de ces recettes.La France fixe ses objectifs dans la loiEn dépit de la crise financière, qui a largement éclipsé les débats, les députés ont fini par adopter le projet de loi Grenelle 1 dans la nuit de vendredi à samedi, en première lecture. Ce dernier fixe pour les années à venir les objectifs de la France en matière de politique environnementale, selon la règle désormais connue sous l'intitulé des " trois 20 " : moins 20 % de consommation d'énergie, moins 20 % d'émissions de gaz à effet de serre, plus 20 % d'énergies renouvelables dans la consommation finale d'énergie, le tout d'ici à 2020. Le texte interdit par ailleurs, à compter de 2010, la vente des ampoules " classiques " (à incandescence) , trop gourmandes en énergie. Il prévoit des investissements de l'État à hauteur de 16 milliards d'euros d'ici à 2020 en faveur de lignes ferroviaires à grande vitesse, afin de favoriser le transport du fret par le rail. Dans le même esprit, la loi crée une écoredevance sur les poids lourds à compter de 2011 et elle introduit le principe pollueur-payeur dans la collecte des ordures. R. J.
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