Les pôles de compétitivité se cherchent encore

Ils devaient être l'un des leviers de la compétitivité française en matière d'innovation. Ils devaient tisser des liens entre universités, laboratoires et entreprises tout en soutenant à l'international les industries de pointe. Créés en 2005 sous le gouvernement de Dominique de Villepin, les 71 pôles de compétitivité peinent pourtant, trois ans après, et présentent un bilan mitigé.Trop nombreux, mauvaise gouvernance, financement peu adapté ? Pour l'heure, il n'est toujours pas question de changer le dispositif. La phase « 2.0 » (2009-2011) a reconduit la dotation globale de 1,5 milliard d'euros et les 13 pôles qui n'ont pas atteint leurs objectifs ont obtenu un an de sursis. À ce jour, l'État a ainsi soutenu à hauteur de 830 millions d'euros (sur un financement public total de 1,3 milliard) 645 projets représentant 3,6 milliards de dépenses en recherche et développement (R&D).À terme l'objectif est de faire preuve de plus d'exigence et d'augmenter la part des financements privés (alors que celle des collectivités locales ne cesse d'augmenter). 150 millions d'euros du Fonds unique interministériel (le financement de l'État) doivent désormais être réservés aux « plates-formes d'innovation » localisées pour améliorer l'attractivité des entreprises, et les pôles devront signer d'ici à juin des contrats de performance et s'engager sur des objectifs triennaux. Surtout, comme l'a annoncé le Premier ministre en septembre dernier, les PME sont invitées à mieux associer les capital-risqueurs et les « business angels » pour « transformer les projets de R&D en produits ou services commercialisables ». En clair, construire ce fameux pont entre recherche et production, qui fait toujours défaut.trop de bureaucratieReste à savoir si cela suffira. Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre et à l'origine de la création des pôles en novembre 2004, ne mâche pas ses mots : « Le bilan est clairement positif par rapport à l'idée de départ. Mais l'opération a engendré une dynamique territoriale plus active que la dynamique nationale. » Bref, si les collectivités locales ont joué le jeu, « le gouvernement ne porte pas suffisamment le projet au niveau national ». D'une part, la gouvernance souffre d'une « bureaucratie trop lourde ». Selon lui, les pôles, qui dépendent de plusieurs ministères de tutelle, doivent être portés par un « ministre leader du gouvernement ». D'autre part, ils sont « trop nombreux », critique Jean-Pierre Raffarin, qui préconisait en 2004 la création d'une quarantaine de pôles. « Je comprends le choix d'une phase de ratissage pour dynamiser les énergies mais les pôles ne doivent pas être prisonniers des territoires. Il faut désormais les regrouper par grand secteur », plaide-t-il, évoquant par exemple la pertinence d'un rapprochement entre MTA (Mobilité et transports avancés, Poitiers) et Mov'eo (Rouen) dans l'automobile. Autre problème, les « limites financières des régions ». « Les Caisses d'Épargne pourraient participer de manière interrégionale », propose-t-il, renvoyant à la réforme Balladur. Enfin, à l'image des États-Unis (lire ci-contre), « il faut développer la logique d'entrepreneuriat et d'incubation au sein des universités ».
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