Bank of America sème le doute sur le secteur bancaire à Wall Street

Les résultats de Bank of America (BofA) ont eu raison de l'euphorie sur les valeurs financières à Wall Street. Avec pour résultat immédiat un retour dans le rouge assez sévère du Dow Jones mais aussi de toutes les places européennes qui ont fortement chuté, dans la foulée.Malgré le bénéfice net de 4,25 milliards de dollars affiché par l'établissement bancaire pour le premier trimestre ? qui a plus que doublé sur un an et s'est révélé supérieur aux attentes ?, les opérateurs restent inquiets. « La qualité du crédit s'est dégradée sur tous les fronts d'activité, sur fond de dégradation du marché de l'immobilier et de l'environnement économique », a indiqué la banque, qui a provisionné 13,38 milliards de dollars pour faire face à de futures pertes sur crédit, après 8,54 milliards le trimestre précédent. Les bénéfices de Bank of America ont de plus été stimulés par des résultats exceptionnels : 2,2 milliards de dollars sur des émissions structurées de sa nouvelle filiale Merrill Lynch, que BofA a acquise fin 2008, et 1,9 milliard de dollars liés à la cession de titres de la China Construction Bank. S'ils ont noté que le produit net bancaire a presque triplé à 35,7 milliards de dollars, les opérateurs ont aussi constaté que les actifs douteux de BofA se sont inscrits à 25,74 milliards de dollars, en hausse de 41,2 % par rapport à la fin 2008 et que le taux de défaut dans les cartes de crédit est dans le même temps passé de 7,16 % à 8,62 %, provoquant une perte de 1,7 milliard de dollars pour cette division.synergiesHier, à mi-séance, l'action de BofA chutait de 16,7 % à 8,8 dollars. Critiqué par des investisseurs réclamant son départ pour avoir acquis le numéro un du crédit hypothécaire Countrywide Financial dans un contexte économique délétère, puis Merrill Lynch, qui a peu après annoncé une perte de 15,8 milliards de dollars, le PDG, Kenneth Lewis, s'est voulu rassurant. D'une part, Merrill Lynch a contribué à hauteur de 3 milliards de dollars (hors coût de restructuration) aux résultats du groupe au premier trimestre. D'autre part, il a assuré que les objectifs de synergies sur ces deux acquisitions « devraient être atteints ». Reste que, au trimestre dernier, l'activité de prêts immobiliers de BofA s'est inscrite à 89,26 milliards de dollars, contre 100 milliards de dollars pour son grand concurrent Wells Fargo. Sans attendre le résultat des « tests de stress » de la Réserve fédérale visant à évaluer la capacité des banques américaines à surmonter une éventuelle dégradation plus brutale de la conjoncture, Ken Lewis a assuré que, après avoir perçu 45 milliards de dollars du Trésor américain, BofA « n'avait absolument pas besoin de capital supplémentaire ». La Fed annoncera le résultat des tests aux banques vendredi avant une présentation publique le 4 mai. Le courtier Oppenheimer estime que BofA aura besoin de 36,6 milliards de dollars de plus afin d'atteindre un ratio de solvabilité « core » de 6 % ? contre 3,13 % fin mars ? alors que la moyenne des vingt-cinq principales banques américaines s'inscrit à 6,3 %.
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