La crise de la construction espagnole a converti les banques et les caisses d'épargne du pays en véritables agences immobilières. Une raison majeure à ce phénomène qui prend de l'ampleur de l'autre côté des Pyrénées : l'afflux de biens immobiliers reçus en contrepartie des impayés des promoteurs et des entreprises de BTP aujourd'hui en grande difficulté. Afin de récupérer du cash mais aussi pour réduire leur exposition à cette classe d'actifs dont elles ne sont pas spécialistes, les entités financières essayent maintenant d'écouler leur stock d'immeubles malgré les conditions défavorables du marché. Une stratégie qui est loin de faire les affaires de tous les protagonistes de la filière immobilière.À cet effet, certaines banques, comme Caixa Penedès, ont récemment créé des sociétés immobilières pour gérer ces actifs, ou font appel à des agents externes. D'autres ont mis en ligne des sites Web pour vendre ces biens à partir de leurs agences préexistantes, comme Santander. Selon le quotidien « El Mundo », ces entités tendraient d'ailleurs à baisser les prix pour écouler plus facilement les stocks. C'est le cas de Caixa Catalunya qui propose jusqu'à 30 % de réduction sur le site de sa filiale immobilière.« concurrence déloyale »Les promoteurs immobiliers n'apprécient guère les pratiques de ces nouveaux acteurs. Lors d'une récente conférence de presse, le président de l'organisation patronale des promoteurs catalans, Enric Reyna, a ainsi accusé les banques et caisses d'épargne de « concurrence déloyale ». Le dirigeant affirme qu'elles offrent des conditions de financement préférentielles aux acheteurs de leurs actifs immobiliers propres. José Manuel Galindo, président de l'association madrilène de promoteurs, rappelle quant à lui que « la logique voudrait pourtant qu'elles financent dans les mêmes conditions la vente d'un de leurs actifs et celui d'un promoteur ».De leur côté, les banques se défendent pourtant d'avoir mis en place de telles pratiques. Chez Santander, on affirme que les conditions d'octroi des hypothèques sont déterminées en fonction du risque que représente le client et l'on se refuse à commenter les déclarations des promoteurs.Il arrive cependant que les banques et les promoteurs collaborent pour favoriser les ventes d'immeubles. Banco Santander a ainsi récemment passé un accord avec l'organisation patronale des promoteurs espagnols, par laquelle la banque s'engage à financer 100 % de l'achat de ses biens en échange d'une baisse de prix de 20 %. Près de 800.000 logements neufs cherchent preneurs en ce moment dans le pays. Gaëlle LucasAna Laura CASTRO/REA

latribune.fr

05 Mai 2009, 1:50

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