Depuis plusieurs années, les trois opérateurs mobiles rivalisent pour disposer du plus grand réseau de boutiques. Une arme idéale pour juguler la concurrence : contrairement aux magasins multiopérateurs, ces boutiques ne laissent pas le choix aux consommateurs, et ne leur proposent qu'une seule offre. Elles représenteraient environ 60 % des ventes de téléphonie mobile en France.Dernière opération en date, le rachat par SFR de 5 Sur 5 pour quelques dizaines de millions d'euros. Finalisé dans les prochains jours, ce rachat est effectué via la CID, un holding détenu à 40 % par SFR, le solde appartenant à des investisseurs privés menés par la banque privée Saint Olive. La CID possédait déjà 38 % de 5 Sur 5. Elle monte à 100 % en rachetant les 62 % manquants au PDG Patrick Violas et à sa famille, qui souhaitaient se désengager.Cette société possède 260 boutiques grand public et 20 agences pour les entreprises. Elle utilisait déjà sous franchise la marque Espace SFR depuis sa création, en 1993. Elle a réalisé 300 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2008, pour un bénéfice d'environ 10 millions d'euros. Aucun plan social n'est prévu pour les 1.700 salariés concernés par la vente, assure Patrick Violas. Ce dernier ne conserve que l'activité 5 Sur 5 Sécurité.Mais SFR (avec 800 Espaces SFR) et Bouygues Télécom (590 « clubs ») restent loin derrière Orange. L'opérateur historique fait la course en tête avec près de 1.300 points de vente, dont 700 agences France Télécome;lécom et 172 boutiques Mobistore. Toutefois, c'est son accord avec Photo Service et Photo Station qui a permis à Orange de prendre une avance considérable ? voire irrattrapable. Un joli coup, réalisé au nez et à la barbe de SFR, Bouygues Télécom et Avenir Télécome;lécom, qui étaient aussi sur l'affaire. En effet, le réseau de magasins spécialisés dans la photographie apportait dans son escarcelle 550 boutiques. Il en a ensuite fermé près de 150. Les 400 autres ont été « reliftées » aux couleurs d'Orange. Avec le déclin de la photo argentique, les télécoms sont même devenues leur principale activité : ils représentent désormais près de 60 % des revenus, selon Photo Service. Orange indique même s dans ses comptes avoir réalisé en 2008 un chiffre d'affaires de 109 millions d'euros avec Photo Service et Photo Station, sur un total de 149 millions, soit 73 % du total. Une croissance fulgurante, car mi-2007, lorsque l'opération a été notifiée à Bercy, les télécoms ne représentaient que 29 % des ventes.Une bonne affaireCerise sur le gâteau, France Télécome;lécom est parvenu à prendre cet avantage décisif pour un investissement modique au regard des enjeux. Le premier accord, conclu en 2005, était purement commercial. Mais en 2008, l'opérateur historique a racheté 48,5 % de Photo Service et Photo Station pour 68 millions d'euros seulement. Une bonne affaire car, selon les syndicats, la société avait été rachetée en 2005 à Cinven pour 1 euro symbolique par Daniel Abittan et Michael Likierman? ceux-là même qui l'avaient vendue au fonds britannique en 2001 pour 275 millions.Interrogé, l'opérateur historique assure qu'une montée au capital de Photo Service et Photo Station « n'est pas à l'ordre du jour ». Une explication pourrait être que, s'il dépassait les 50 % du capital, il serait alors obligé de consolider les pertes (38 millions d'euros en 2008) et l'importante dette (estimée à 200 millions d'euros), ce qu'il ne fait pas jusqu'à présent. Sans doute, souhait-il pas non plus assumer les restructurations en cours : depuis fin 2005, Photo Service et Photo Station ont divisé presque par deux leurs effectifs, tombés à 2.200 salariés. Un plan social prévoyant 150 licenciements secs a été mené début 2008. Selon les syndicats, les autres départs ont été obtenus en poussant les salariés vers la sortie, en leur proposant des mobilités vers d'autres magasins. Une solution que beaucoup ont refusé.

latribune.fr

03 Sept 2009, 1:46

Partager :