![Le cours de l'action Société Générale a grimpé deux fois moins vite que l'indice des banques européennes sur un an.](https://static.latribune.fr/full_width/2275763/societe-generale.jpg)
C'est le petit coup de pouce qui manquait au cours de l'action Société Générale pour décoller. Lors d'un entretien accordé à l'agence de presse américaine Bloomberg, en marge du sommet sur l'investissement « Choose France » à Versailles, le président de la République, Emmanuel Macron, a déclaré qu'il était favorable à une consolidation du secteur bancaire européen.
« Nous devons maintenant ouvrir cette boîte et proposer une approche du marché unique beaucoup plus efficace », a-t-il notamment déclaré. Et en réponse à une question sur la possibilité d'un rachat d'une banque française, comme Société Générale, par une banque européenne, comme le groupe espagnol Santander, le président a répondu que ce scénario était tout à fait ouvert : « c'est possible ! ».
Proie plutôt que prédateur
Bref, l'exécutif ne s'opposerait pas à une offre publique sur Société générale, seul groupe bancaire français de taille systémique, coté et « opéable ». D'autant plus opéable que sa valorisation est parmi l'une des plus faibles des grandes banques européennes, à 0,4 fois l'actif net estimé, (contre une moyenne européenne de 1 fois l'actif net estimé), soit environ 22 milliards d'euros aujourd'hui. Certes, le cours de l'action a gagné 23 % en un an mais, dans le même temps, l'indice bancaire européen a progressé de près de 40%.
La publication de l'entretien a eu un effet immédiat sur le cours de l'action de la banque : le titre gagne plus de 4 % en fin de journée sur un marché stable. Une fois de plus, le président Macron s'affranchit des règles de réserve lorsqu'il s'agit de parler de « business ». Et ses propos détonnent d'ailleurs avec ceux du gouvernement espagnol qui a manifesté son opposition au projet de rachat de Banco Sabadell, « la banque des PME » en Espagne, par le géant espagnol BBVA, contraint d'ailleurs à une OPA « hostile ».
Prime spéculative
Pour beaucoup d'investisseurs, seule une prime spéculative pour donner du tonus au cours de Bourse de la banque. Cette valeur bancaire pâtit en effet d'un statut de valeur beaucoup plus volatil que la moyenne du secteur ou du marché, ce qui empêche beaucoup de gérants à la mettre dans leur portefeuille. En revanche, un scénario d'OPA sur la banque est un facteur de soutien. Et la réglementation bancaire européenne sur le traitement des « badwills » (survaleurs négatives, quand la valeur de la banque est inférieure au montant des fonds propres) est plutôt favorable aux opérations de fusion.
Le rachat de Société Générale a toujours été un scénario jugé crédible depuis son échec sur Paribas en 1999, finalement raflé par BNP. Le projet le plus abouti a sans doute été celui d'un rapprochement avec la banque italienne Unicredit juste avant la crise financière de 2007. Un projet finalement avorté par l'affaire Kerviel et la crise des subprimes qui rendait l'exécution du rapprochement trop risqué. Toutefois, ce scénario devait remonter à la surface sans avancée concrète. La fusion était jugée trop compliquée à réaliser et le gouvernement italien, déjà, s'était montré assez hostile.
Souveraineté européenne
Aujourd'hui, le contexte est différent. Tout d'abord, les banques européennes n'ont jamais été aussi solides et profitables. Ensuite, les régulateurs européens militent depuis des années pour accélérer la consolidation transfrontière et ils ont mis en place les outils réglementaires pour faciliter ces opérations. Enfin, l'enjeu de souveraineté européenne a pris une place importante dans le discours politique.
Ce n'est pas un hasard si Bruno Le Maire, ministre de l'économie, parle à nouveau de l'union bancaire et de l'union des marchés des capitaux, tout comme d'ailleurs des autorités européennes. Mais les résistances aux grands rapprochements sont encore fortes, comme en témoigne la position du gouvernement espagnol. A contrario, le gouvernement suisse n'a pas hésité une seule seconde en faveur du rapprochement (sauvetage) du Crédit Suisse avec UBS.
Le Président Macron souhaite donc avancer sur les sujets financiers. Mais il n'est pas certain que ce soit des sujets porteurs pour les prochaines élections européennes.
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