Grandes ambitions

Nous rappeler qu'il existe un avenir et qu'on peut s'employer à le préparer, voilà qui fait du bien en ces temps où domine l'humeur crépusculaire. Laissé seul au dernier moment par le président, Nicolas Sarkozy, occupé à résoudre la crise mondiale, et par le Premier ministre, François Fillon, qui jouait de son côté sa partition " sauvons l'économie française ", le secrétaire d'État Éric Besson a donc présenté hier son plan pour le développement de l'économie numérique, en quatre parties et 154 " actions ". Sans préjuger de ce qu'il en adviendra - l'oubli ou la gloire ? -, ce plan s'inscrit dans une longue tradition : constater une carence nationale, concevoir techniquement une riposte, y investir toute la volonté et l'argent nécessaires sur une longue période de temps. La reconstruction de la marine royale par Colbert, de 1669 à sa mort en 1683, est peut-être le premier exemple de ces " plans " d'équipement dont la France a le secret. Les historiens rapportent que Louis XIV travailla quelque 4.000 heures en tête à tête avec son ministre pour promouvoir la renaissance de la flotte. Plus près de nous, la Ve République, dans un souci d'indépendance nationale, a consacré des ressources considérables au développement du nucléaire, de l'aéronautique, de l'industrie spatiale, du téléphone, du train à grande vitesse. Il a fallu de la suite dans les idées aux dirigeants successifs, poussés par quelques grands serviteurs de l'État souvent issus de Polytechnique : le programme Airbus, lancé en 1965, n'est devenu rentable qu'un quart de siècle plus tard. Au milieu de ces success stories, un secteur fait tache. Il s'agit de l'informatique. Dès 1967, de Gaulle lançait le plan calcul pour tenir la dragée haute aux Américains dans les grands ordinateurs. Ce fut un échec retentissant, des milliards furent engloutis en pure perte. L'obstination, dans ce cas, n'a pas payé. Le plan France numérique 2012 tient compte de la réalité : il ne cherche plus, comme naguère avec le Minitel, à offrir à la fois une technologie et un contenu made in France . Il part du constat qu'il y a de la croissance et des emplois à gagner, des injustices sociales à réparer. Il évoque moins les grands plans technologiques d'hier que la stratégie de Lisbonne adoptée par l'Union européenne en 2000. Au moins un des objectifs chiffrés qu'il affiche, le haut débit Internet pour tous au 1er janvier 2010, devrait pouvoir être tenu.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.