Les « Spac », coquilles

Is étaient le dernier espoir d'un regain du marché primaire actions. Mais les « Spac » (special purpose acquisition companies), sorte de coquilles vides dont le seul objet consiste à lever des fonds en Bourse pour réaliser des acquisitions, n'ont pas tenu leurs promesses. Pas un seul de ces véhicules d'investissement n'a fait l'objet d'introductions boursières depuis le début de l'année. Et cela, alors même que l'activité des appels publics à l'épargne a, selon le cabinet Dealogic, mobilisé moins de 800 millions d'euros dans le monde sur la période. Le montant atteignait 8 milliards l'an passé à la même époque. En 2008, les Spac ont capté seulement 3,8 milliards de dollars contre plus de 12 milliards d'euros un an plus tôt. « Cela n'a pas du tout été l'instrument anticrise annonc頻, déplore un banquier. Arrivées des États-Unis en Europe fin 2007, ces structures présentaient plusieurs avantages. À commencer par celui de créer un canal d'accès aux liquidités en regroupant différents profils d'investisseurs (alternatifs, family-office, etc.) au sein d'un même tour de table. L'autre intérêt résidait également dans la possibilité pour les actionnaires de sécuriser leurs gains. Car les Spac ont l'obligation de réaliser une opération de croissance externe dans les vingt-quatre mois suivant leur appel public à l'épargne. Si, à l'issue de cette période, le projet n'est pas validé par au minimum 60 % des votants, la mise de départ est restituée. Ce remboursement s'accompagne souvent du versement d'intérêts courant au taux monétaire. rendement négatifÀ court de ressources, les investisseurs, particulièrement les hedge funds, ont préféré retirer leur argent et liquider la structure. Au total, vingt et un projets d'acquisition auraient été abandonnés l'an dernier tandis que neuf ont vu le jour. En Europe, Germany 1, la seule Spac à avoir ouvert son capital au marché depuis juillet 2008 pour un montant de 275 millions d'euros, n'a toujours pas reçu l'approbation de ses actionnaires. Le bilan boursier de ces produits d'un nouveau genre s'en ressent. Le rendement annualisé des structures ayant bouclé un rachat est négatif à hauteur de 36 % contre 11 % pour l'indice de valeurs moyennes américain Russell 2000. Difficile dès lors de susciter l'intérêt du marché. D'autant que, d'après Laurent Capes, responsable du marché primaire France chez Deutsche Bank, « les investisseurs s'attendent aujourd'hui sur les marchés actions à de nombreuses opérations de recapitalisation sur lesquelles ils souhaiteront se positionner de façon prioritaire ». Tout ne semble pas perdu pour autant. L'expert souligne que « des actifs, qui pourraient notamment provenir de ventes forcées de la part de fonds de private equity, pourraient revenir sur le marché dès la fin du deuxième trimestre de cette année ». Des opportunités d'acquisitions, facilitées par de faibles niveaux de valorisation, pourraient ainsi se créer et relancer un certain intérêt pour les Spac. « Face aux défaillances qui pourraient toucher un certain nombre de fonds cette année, ce type de montage pourrait s'avérer sécurisant car plus transparent », estime Alain Chedal, avocat associé chez Landwell & Associés. Et d'ajouter : « Pour canaliser des liquidités, il faut avant tout mettre en place un support de confiance. »
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