Les syndicats contraints de préserver leur unité

Tous le savent. Le 19 mars, ils ne peuvent pas faire moins bien que le 29 janvier lorsqu'ils avaient fait descendre dans la rue entre 1,5 et 2,5 millions de personnes. Sinon, l'exécutif ne manquera pas de faire remarquer que le « mouvement » s'essouffle. C'est avec cet enjeu en tête que les représentants des huit organisations membres de l'intersyndicale se retrouvent ce matin au siège de la CFTC pour boucler les modalités de leur prochaine journée d'action. « Si la mobilisation est moindre que le 29 janvier, ce sera un échec », souligne Gabrielle Simon, de la CFTC. La date ayant été fixée depuis deux semaines, nul ne songe à la remettre en cause. En revanche, les débats risquent d'être vifs, notamment sur les conclusions à tirer du sommet social du 18 février à l'Élysée. Alors que Laurence Parisot, la présidente du Medef, s'apprêterait selon « Le Journal du dimanche » à écrire aux cinq confédérations représentatives (CGT, CFDT, FO, CGC, CFTC) pour ouvrir des négociations sur la modernisation du paritarisme et celle du marché du travail, tous s'accordent à pointer les insuffisances des propositions présidentielles, même s'ils reconnaissent des avancées. vers un compromisD'un syndicat à l'autre, l'analyse des manques varie, FO et la CGT mettant l'accent sur l'absence de mesures salariales, la CFDT, l'Unsa et la FSU insistant plutôt sur la fin de non-recevoir en matière de fonction publique. « Certains insisteront sur les grands acquis, d'autres sur le ridicule des mesures », résume Jean Grosset, de l'Unsa. Réaliser une synthèse acceptable par tous s'annonce complexe, d'autant que seules cinq centrales sur huit étaient conviées à l'Élysée. Autre difficulté, trouver des mots d'ordre assez porteurs pour continuer à bénéficier de la sympathie de l'opinion. Selon un sondage CSA- « Le Parisien », 62 % des Français soutiennent la journée du 19 mars, mais ce pourcentage est moindre qu'à la veille du 29 janvier. Or, en retenant un jeudi pour mobiliser, l'intersyndicale ne pourra qu'appeler à des manifestations assorties d'arrêts de travail, une forme d'action qui peut paraître inadaptée face à l'ampleur de la crise et peu susceptible de faire plier le gouvernement. Pour maintenir la pression, l'intersyndicale compte sur l'agitation dans les universités et l'enseignement ou sur la journée d'action prévue le 5 mars dans les hôpitaux. « Ces initiatives professionnelles participent à maintenir la pression dans le pays et peuvent donner envie d'une mobilisation plus large », souligne Maryse Dumas, la numéro deux de la CGT. Pour sortir de ce piège de la manifestation traditionnelle, certains membres de l'intersyndicale militent, pour la suite, pour des formes d'action plus originales ou plus proches du terrain. Mais, aujourd'hui, tous savent qu'ils n'ont d'autre choix que de parvenir à un compromis. Et de préparer équipes syndicales et banderoles pour faire nombre le 19 mars.
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