Des syndicats débordés

Depuis plusieurs semaines déjà, les confédérations syndicales redoutaient de voir des conflits sur le terrain échapper à leur contrôle. Les récents exemples chez Continental, Caterpillar ou Molex prouvent que cette crainte est devenue réalité. Symbole de ce nouveau contexte, la situation chez Caterpillar. Dimanche soir, les syndicats concluent un protocole de fin de conflit avec la direction sous le haut patronage de Bercy. Las ! Le lendemain, 200 salariés refusent que l'accord soit soumis à référendum de l'ensemble du personnel. Et obtiennent hier de mettre au vote, outre le plan de la direction, leurs contre-propositions.Localement, les syndicats peinent d'autant à contenir la colère des salariés qu'ils ont du mal à trouver des interlocuteurs avec qui négocier. « Dans les groupes multinationaux, l'exaspération est renforcée par le fait que les salariés et leurs représentants ne savent pas où sont les pouvoirs de décision, vers qui ils peuvent se tourner », souligne Maryse Dumas, chargée des questions d'emploi à la CGT. Lorsque la pression monte, que les semaines de conflit se succèdent, la situation devient vite explosive. Or, il n'y a bien souvent, en face, pas de dirigeants locaux assez décisionnaires pour désamorcer la tension (lire ci-contre).Et les syndicats eux-mêmes ne sont pas toujours exempts de reproche. Chez Continental, par exemple, la CFTC a validé l'accord autorisant une augmentation du temps de travail à 40 heures en contrepartie de la survie du site. Difficile ensuite, lorsque celle-ci est remise en cause, de bénéficier d'une pleine confiance des salariés pour négocier les conditions de licenciement.Enfin, sur le terrain, les mouvements de colère des salariés ne sont pas toujours spontanés et dissimulent parfois des rivalités entre syndicats, voire internes aux organisations. « Dans les exemples récents, il y a une partie de l'appareil syndical de la CGT qui a décidé de faire passer la violence un cran au-dessus. Or, ce n'est clairement pas la lecture souhaitée par Bernard Thibault », souligne Bernard Vivier, directeur de l'Institut supérieur du travail.Dans ce contexte de confusion, les confédérations se montrent d'une prudence extrême. Sans défendre la violence qui s'exprime, tous les leaders syndicaux disent la comprendre. Et espèrent canaliser le mécontentement à l'occasion de leur prochain appel à mobilisation, le 1er mai. « L'intersyndicale doit avoir en tête de ne pas laisser le vide s'installer », reprend Maryse Dumas, qui plaide déjà pour de futures actions nationales. Agnès Laurent
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