L'envol des déficits relance le débat sur la discipline budgétaire

On le sait, le propre des marchés financiers, c'est d'anticiper. La crise n'est pas encore derrière nous, mais quelques signes de reprise se font jour. Même si les destructions d'emplois risquent de se poursuivre, de part et d'autre de l'Atlantique, pendant encore de longs mois, la Bourse tend à remonter ces dernières semaines et certains indicateurs ? fret maritime, ventes au détail, prix des matières premières ? semblent vouloir repartir dans le bon sens. Et il n'en faut pas plus pour que certains pensent déjà au coup d'après : il y a eu la mégacrise, puis les mégaplans de relance, ensuite les mégadéficits budgétaires, voici maintenant la? minidiscipline budgétaire. Car il ne s'agit pas de se contenter de stimuler l'économie à coups de milliards d'euros ou de dollars. Ces efforts, nécessaires, et qui représentent 12 % du PIB chinois, 5 % du PIB américain et 1,5 % du PIB de la zone euro à l'heure actuelle (dont 2,8 % pour l'Allemagne et 1,3 % pour la France), pèsent sur les finances publiques des nations. Or, les comptes de ces dernières sont déjà grevés par les moindres rentrées d'impôts ? sur les revenus comme sur les profits des entreprises ? et par les dépenses supplémentaires, notamment en allocations chômage, induites par la récession et les destructions d'emplois. Alors que les économistes traditionnels estiment que le ratio de déficit budgétaire sur PIB devrait se situer aux alentours de 3 %, les pourcentages explosent aujourd'hui. Seule la Chine jouit encore d'un excédent. Mais à 1.750 milliards de dollars, le trou, aux États-Unis, équivaudra, à la fin de cette année, à plus de 13 % du PIB. Même constat au Royaume Uni, où, selon les calculs officiels britanniques, le déficit tangentera les 12 %, tandis que celui du Japon s'inscrira à près de 10 % du PIB, d'après le FMI. Enfin, celui de la zone euro s'affichera à 5,4 % (6,2 % pour la France). Or, ces déséquilibres affectent la crédibilité des États. Autrement dit, les gros émetteurs de dettes, susceptibles de voir disparaître la confiance des investisseurs, devront offrir un meilleur rendement.« Tout est une question de degré, explique Matthew Sharratt, économiste européen chez Bank of America Securities ? Merrill Lynch, à Londres. Pour les opérateurs sur les marchés, si la dette est un mal nécessaire, cela n'empêche pas que, retour de la croissance ou non, les déficits budgétaires doivent être comprimés. » Et les traders ne veulent pas se payer de mots. Ils réclament un engagement ferme sur le rétablissement de la discipline budgétaire. « D'autant que nous savons que le processus est souvent difficile à enclencher », poursuit Matthew Sharratt. Les hommes de marchés ne sont d'ailleurs pas seuls à souhaiter des garanties. Certains responsables politiques commencent eux aussi à exiger la même chose de la part des gouvernements en place. Dans ces conditions, il n'est donc pas étonnant que le président Obama ait demandé à son administration d'économiser 100 millions de dollars sur les 90 prochains jours ? même si cela n'est qu'une goutte d'eau, et que les discours sur des hausses d'impôts, en particulier sur les hauts revenus, aient fait leur apparition? nObama a demandé à son administration d'économiser 100 millions de dollars sur les 90 prochains jours.
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