Les Allemands misent sur les rabais

C'est un des paradoxes de l'économie allemande. Au milieu d'une économie en chute libre, le consommateur résiste à la déprime, mais pas les distributeurs. « Les effets de la récession sont peu palpables dans les achats de Noël », reconnaissait-on ainsi au siège de la fédération du commerce de détail allemand (HDE). Et, de fait, l'affluence était au rendez-vous dans les grands magasins ou sur les marchés de Noël des grandes villes du pays, ce week-end.La confiance des ménages connaîtra une nouvelle progression de 2,1 % en janvier, égale à celle de décembre, selon l'institut GfK. Les hausses de salaires concédées en début d'année et le recul de l'inflation, notamment de la hausse du prix de l'essence, ont permis de maintenir, malgré tout, l'humeur acheteuse des consommateurs.Et pourtant, le secteur de la distribution fait grise mine outre-Rhin. Le HDE a estimé que, en dépit de l'affluence et de la bonne disposition des consommateurs, le chiffre d'affaires de cette période de fin d'année sera « bien en deçà du niveau de l'an pass頻. C'est que les distributeurs doivent souvent concéder des rabais très généreux pour attirer le chaland allemand, qui reste extrêmement sensible à l'argument du prix. Du coup, les marges sont sous pression. D'autant que la bonne humeur des consommateurs pourrait être mise à mal par la remontée attendue du chômage. Du coup, les distributeurs broient déjà du noir?: le moral est au plus bas depuis 2004 dans le secteur, selon l'institut BBE.L'archétype des victimes de cette situation, c'est le groupe Arcandor, malade de sa filiale de grands magasins Karstadt. À force de rabais désastreux, cette filiale a subi une perte opérationnelle de 242 millions d'euros sur l'année fiscale 2007-2008. Fin septembre, plusieurs assureurs ont menacé de ne plus garantir le paiement des fournisseurs, mettant à mal les livraisons. Sans l'injection de 58 millions d'euros de la banque Sal. Oppenheim, le groupe allait à la faillite. À présent, la direction va être remplacée et la stratégie révisée, mais le retour à l'équilibre n'est pas prévu avant 2010.Mais les difficultés d'Arcandor ne sont pas uniques. Metro, propriétaire du concurrent Kaufhof, lui aussi déficitaire, souffre également de ses activités allemandes. Sa chaîne de supermarchés, Real, a doublé ses pertes au troisième trimestre en un an à 317 millions d'euros. Évidemment, les grands vainqueurs de cette situation restent les discounters. Le groupe Rewe tablait d'ailleurs récemment sur une poursuite de la croissance de ce secteur.Romaric Godin, à Francfortla bonne humeur des consommateurs pourrait être mise à mal par la remontée du chômage.
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