Northern Rock devient une arme de relance économique

Downing Street découvre les vertus de la nationalisation. Le gouvernement britannique va utiliser Northern Rock pour l'aider à relancer l'économie. La banque nationalisée a annoncé hier qu'elle allait réaliser 14 milliards de livres (16 milliards d'euros) de prêts immobiliers pendant les deux prochaines années, alors qu'elle n'avait débloqué que 3 milliards l'an dernier.Tandis que le gouvernement britannique avait promis l'an dernier de ne pas utiliser la nationalisation de la banque comme une arme économique, afin de ne pas enfreindre les règles de la concurrence, il a désormais complètement changé de discours. Alistair Darling, le chancelier de l'Échiquier, dans une interview à la BBC, le reconnaissait clairement hier : « De nombreuses banques étrangères se sont retirées du marché britannique [notamment les irlandaises et islandaises, Ndlr]. Je veux utiliser Northern Rock pour combler ce manque. »Initialement, l'objectif du gouvernement britannique était de réduire la taille de la banque nationalisée, afin de rembourser au plus vite son prêt de 27 milliards de livres (30 milliards d'euros) auprès du Trésor. En 2008, Northern Rock en a rendu les deux tiers, et elle ne doit plus que 8,9 milliards. Mais cette période est maintenant finie : pour pouvoir augmenter ses prêts, Northern Rock annonce qu'elle va ralentir le rythme des remboursements.forte hausse des impayésLa banque a par ailleurs révélé hier que sa perte avant impôts pour 2008 allait atteindre 1,4 milliard de livres (1,6 milliard d'euros), dont une provision pour créances douteuses de 900 millions. La banque avertit également qu'elle va essuyer une nouvelle perte en 2009.L'un des signes inquiétants chez Northern Rock est la forte hausse des impayés : le pourcentage de clients ayant plus de trois mois de retard dans leurs remboursements est passé de 1,9 % en septembre à 2,9 % fin décembre. Le problème vient essentiellement des fameux prêts « Together », de Northern Rock, qui lui avaient valu sa notoriété auprès du grand public : la banque prêtait 125 % de la valeur du logement acheté. Tant que le marché immobilier était en hausse, cela ne posait guère de problème, mais avec la baisse de presque 20 % des prix l'an dernier, le dérapage était devenu inévitable pour la banque.Gary Hoffman, le directeur de Northern Rock, en poste depuis octobre, précise que la reprise des prêts se fera selon des critères raisonnables. Il n'est par exemple pas question de revenir à des prêts de 100 % de la valeur du logement. Mais Alistair Darling laisse entendre qu'un prêt à 90 % est envisagé.éric Albert, à Londre
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.