Nicolas Sarkozy tente une paix des braves

Les jeunes et la droite ont des relations tumultueuses. Les dernières grandes crises de la jeunesse se sont toutes produites sous des gouvernements conservateurs : pataquès du CPE à l'époque Villepin, fronde contre le Smic jeunes, ou CIP, à l'époque Balladur, ou encore grandes manifestations contre la loi Devaquet, en 1986, alors que Jacques Chirac était à Matignon. Dans les trois cas, l'empathie de la société avec la jeunesse mécontente a provoqué une véritable crise politique. Autant dire que les 18-25 ans sont surveillés avec beaucoup d'attention par les météorologues politiques de l'Élysée. Jusqu'ici, Nicolas Sarkozy a su éviter la crise. Il y a bien l'interminable contestation étudiante qui couve toujours, mais les quelques reculs politiques du gouvernement sur les réformes des universités et des lycées ont permis de rester en deçà du point de fusion. Mais le terrain reste dangereux pour le président de la République. D'abord parce que les jeunes, en majorité, ne lui sont guère favorables. « Au second tour de l'élection présidentielle de 2007, le critère de l'âge a été très segmentant, rappelle Stéphane Rozès, fondateur du cabinet d'études d'opinion CAP, les jeunes ont très majoritairement voté Royal. » C'est la doctrine même du candidat Sarkozy qui heurtait les électeurs les moins âgés, selon Rozès, et en particulier sa volonté incessante de séparer le bon grain de l'ivraie : ceux qui travaillent contre ceux qui flemmardent, les « bons » contre la « racaille », etc. Alors que les jeunes, qui se sentent insuffisamment intégrés, sont en attente d'un message d'ouverture et d'unité sociale, qui témoigne d'une volonté d'accueil, et non pas de discrimination.Principe de précautionCe climat de méfiance, associé à une crise économique sans précédent qui a fait rebondir le taux de chômage des jeunes tout près de son niveau record, pouvait produire des catastrophes. Le discours d'aujourd'hui, prononcé à Jouy-le-Moutier (Val-d'Oise), avec son arsenal de mesures, est destiné à prévenir un tel risque. L'essentiel du milliard d'euros que l'État est prêt à mettre au pot d'ici à juin 2010, prélevé sur le Fonds d'investissement social (Fiso), est ciblé sur les entreprises. Soutien à l'apprentissage, aide aux contrats de professionnalisation, coup de pouce à l'embauche de stagiaires, tout est fait pour convaincre les employeurs d'accueillir des jeunes. Et éviter un bond du chômage des moins de 25 ans en septembre lorsque toute une génération, à peine sortie de l'école, se présentera sur le marché du travail.Pour être sûr d'atteindre son objectif, l'exécutif fait même une entorse à son refus de recourir au traitement social du chômage. Sous le joli nom de « contrats passerelles », les collectivités publiques, largement soutenues financièrement par l'État, seront mises à contribution. Après tout, un pacte de non-agression avec la jeunesse mérite bien quelques concessions?
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