Rentrée sous pression pour les banquiers

Ce fut ? presque ? le feuilleton de l'été. L'affaire du milliard d'euros provisionné par BNP Paribas pour rémunérer ses meilleurs traders a sorti Matignon de sa torpeur début août. Et agité le landernau politique jusqu'au Cap Nègre (Var), d'où Nicolas Sarkozy a immédiatement convoqué les banquiers à l'Élysée le 25 août. Si les dossiers de rentrée s'accumulent sur le bureau présidentiel, celui des banques ne risque pas de quitter le haut de la pile. Le sujet est autant économique ? sauvées par l'État à l'automne dernier, les banques doivent en contrepartie faire repartir le crédit pour nourrir la sortie de récession ? que politique : aucun chef d'État, à l'exception peut-être de la chancelière Angela Merkel, n'a autant vitupéré que Nicolas Sarkozy contre les excès de la finance depuis deux ans. À un mois de la réunion du G20 de Pittsburgh, où la France compte bien faire progresser ses idées sur la moralisation du capitalisme, la simple évocation du mot « bonus » fait trembler les ors du palais présidentiel. Dès aujourd'hui à Bercy, les banquiers vont préparer la réunion de l'Élysée ? la septième en moins d'un an ? au cours de laquelle le président de la République entend « faire le point sur l'ensemble des obligations souscrites par les acteurs financiers à l'occasion de la crise ». Comme ils l'ont déjà fait à Matignon le 7 août, les banquiers auront à c?ur de démontrer qu'en matière de distribution de bonus et de crédits à l'économie, les Français sont dans le premier cas plus sages et dans le second plus généreux que leurs concurrents européens. Mais 15.000 entreprises en difficulté ont saisi le médiateur du crédit en neuf mois, ce qui inquiète le gouvernement. Quant aux bonus, l'État a peu de marges de man?uvre, coincé entre son opinion publique et le souci de préserver la compétitivité de Paris. Toutes les solutions sont sur la table ? taxer les activités les plus risquées pour réduire leur rentabilité, comme le suggère l'économiste Thomas Philippon dans un entretien au « Monde », plafonner les bonus ou faire cotiser à un fonds de garantie mondial les établissements qui en versent. Seule condition : ne pas être isolé dans cette démarche.
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