Crédit ? : l'État demande aux banques de faire leur métier

Après sa rencontre avec les dirigeants des grandes banques françaises le 7 août, le gouvernement avait exigé que « les ménages et les entreprises bénéficient pleinement et sans délai de conditions de financement plus favorables ». À ce stade, les banques respectent pourtant leur engagement de faire croître leur volume de prêts de 3 % à 4 % en 2009, puisque l'encours de crédit a progressé de 3,5 % à fin juin, davantage que dans le reste de l'Europe. Mais, au fil des mois, le crédit marque le pas sous l'effet de la récession, qui déprime la demande. Résultat, l'objectif de croissance des encours défini à l'automne dernier ne sera pas atteint. Revue de détail. crédit aux entreprises l'inquiétudeC'est le talon d'Achille du marché du crédit?: l'encours des prêts aux entreprises affiche un taux de croissance annuel de 2,4 % à fin juin, à 772 milliards d'euros. Une faiblesse préoccupante pour le gouvernement. En témoigne sa décision, le 27 juillet, de prolonger jusqu'à fin 2010 le dispositif de médiation du crédit, présidé par René Ricol. « Je vous demande [?] de mobiliser vos réseaux, avait lancé aux banques la ministre de l'Économie, Christine Lagarde, à cette occasion. Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser tomber des entreprises viables. » Une inquiétude partagée par les premières concernées, les PME. « Le pire reste à venir [?]. Il est évident que les banques ne vont pas prêter quand elles le devront », avait confié Yvon Jacob, le président du Groupe des fédérations industrielles, dans nos colonnes le 17 août.Plus de 15.000 entreprises ont saisi le médiateur du crédit en neuf mois. La situation est particulièrement tendue pour les petites sociétés?: les dossiers présentés au médiateur ont augmenté de 2,5 % pendant la trêve estivale pour les entreprises de moins de 10 salariés, alors que le flux global est resté stable. crédit à l'habitat le redémarrageDemande d'un apport personnel, étude à la loupe des incidents de paiement? Fin 2008, les particuliers se sont plaints de voir les banques resserrer les conditions d'octroi de crédits immobiliers. Cela n'a pas duré. Depuis mai, elles se sont remises à prêter. « Les établissements sont venus nous voir avec un message clair?: nous sommes en retard sur notre production, il nous faut rentrer plus de dossiers », raconte Joël Boumendil, PDG du courtier ACE Immobilier. Ainsi, HSBC est revenue en force alors qu'elle avait ? au dire des experts ? fermé le robinet depuis un an. La raison de cet emballement?? Le crédit immobilier est le moyen le plus sûr de gagner de nouveaux clients. Or, la fin d'année se rapproche et les objectifs d'ouvertures de comptes sont encore loin d'être remplis dans certains réseaux. Les banques font donc le forcing, quitte à sacrifier leur marge. En huit mois, les banques ont baissé leurs taux de 1 point en moyenne (4 % pour un emprunt sur 20 ans). crédit «?conso?» la panneÀ regarder les chiffres, on pourrait croire que les établissements ont mis le holà sur les prêts à la consommation. En juin, la production de nouveaux crédits a chuté de 16,4 % sur un an, d'après l'Association française des sociétés financières (AFS). Un plancher record a même été atteint en mai?: ? 21,1 %, dont ? 31 % pour les prêts personnels. En réalité, cette baisse ne fait guère les affaires des banques. Les prêts personnels, facturés en moyenne 8,13 % par an selon Meilleurtaux, et les crédits renouvelables (ou « revolving »), dont le taux dépasse souvent les 20 %, sont en effet deux produits générant de confortables marges. D'ailleurs, les taux du crédit à la consommation ont augmenté au premier semestre 2009, alors que les taux de la BCE se sont effondrés. L'augmentation du risque de défaut n'explique pas tout?: les établissements tentent de compenser la baisse des volumes par une augmentation des marges. Alexandre Maddens et Alexandre Phalippou
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