La rechute du yen pourrait contribuer à la fin du calvaire boursier

Attaques en règle sur les monnaies de tous les pays dont les banques centrales ont franchi le pas de l'assouplissement monétaire quantitatif. En faisant mercredi dernier une entrée remarquée au club avec sa décision de racheter des bons du Trésor à long terme, la Réserve fédérale américaine les a toutes placées dans le collimateur des marchés. Mais aucune n'a été aussi durement secouée que le yen, surtout depuis hier, le rebond d'un dollar largement survendu l'ayant fait remonter en première ligne. La monnaie de l'archipel est tombée à son plus bas niveau depuis cinq mois face à l'euro, pour ne plus valoir, au plus bas dans les transactions de mardi, que 134,50. Depuis ses points hauts récents atteints début février, le yen a reperdu 15 % de sa valeur face à la monnaie unique, après avoir bondi de 48 % d'août à cette date, lorsqu'il faisait la course des monnaies en tête avec le dollar, au plus fort de la vague d'aversion au risque. Certes, le yen reste encore éloigné du plancher historique de près de 170 pour 1 euro, crevé en juillet dernier, alors que le « carry trade », la stratégie de portage consistant à jouer sur les écarts de rendements, battait son plein. Mais contrairement au dollar, qui devrait tirer son épingle du jeu devant l'ampleur des engagements de l'administration américaine et de la Fed face à la crise, le yen semble condamné à une nouvelle traversée du désert.Sa mise à l'index tient à une contre-performance gravissime pour le pays du Soleil levant qui flirte à nouveau avec la dépression. Le seul moteur de son économie, qui avait résisté même à la décennie perdue, s'est grippé. Depuis six mois déjà, le commerce extérieur nippon a viré au rouge et il devrait récidiver en février, selon les estimations, tant la faiblesse de la demande internationale handicape des exportations japonaises. C'est justement ce mercredi que sera rendu public le solde commercial de février. sorties des capitauxLa rechute du yen pourrait donc bien constituer le meilleur tremplin pour reprendre la balle au bond dès que les échanges internationaux recommenceront à s'étoffer. Et l'on voit mal les responsables monétaires de Tokyo, autrefois si prompts à intervenir sur le marché des changes pour éviter que leur monnaie ne joue les trouble-fête, tenter d'interrompre le brutal retournement du yen.La fin de « l'endaka » ? la reprise ? du yen pourrait aussi être une aubaine pour les marchés boursiers en raison de la puissante corrélation inverse entre l'évolution des grands indices et celle du yen. Lorsque le yen baisse, les sorties massives de capitaux hors de l'archipel reprennent, augmentant la liquidité mondiale mise à disposition pour les placements à risque, dont les actions font partie depuis le début de la crise. Seul point d'interrogation, mais il est de taille?: l'énorme pourvoyeur de capitaux à l'échelle planétaire qu'est le Japon conservera-t-il autant de disponibilités, maintenant que la manne des exportations s'est tarie??Isabelle Croizard
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