« Duplicity », une histoire d'agents troubles

L'espionnage, ça le connaît. Le scénariste et réalisateur Tony Gilroy s'est coltiné ce pauvre Jason Bourne pendant des années, adaptant au cinéma les aventures de l'ancien agent amnésique de la CIA, pourchassé par de méchants tueurs à gage à la solde de son ancienne maison (« la Mémoire dans la peau » en 2002, « la Mort dans la peau » en 2004, et « la Vengeance dans la peau » en 2007).Mais, pour cette fois, Gilroy a abandonné les affaires d'État afin de se consacrer à l'espionnage industriel. L'occasion d'un « Duplicity » réussi, élégant, diablement captivant.alchimie convaincanteTout commence un 4 juillet à l'ambassade américaine de Dubaï où Ray Koval (Clive Owens), un agent du MI6 britannique, tombe sous le charme de Claire Stenwick (Julia Roberts), une cons?ur de la CIA. Sauf que cette dernière profite d'une nuit torride pour lui dérober une valise contenant les codes de l'armée égyptienne. Leurs retrouvailles, quelques années plus tard, sont explosives. Car chacun a entre-temps abandonné sa centrale pour offrir ses services à un géant de l'industrie pharmaceutique. Les voilà donc rivaux. Mais également obligés de travailler ensemble puisque Claire joue les agents doubles.Il y a, ici, comme une envie de renouer avec l'âge d'or du cinéma hollywoodien en offrant au public un divertissement haut de gamme. Par le choix des acteurs, tout d'abord. L'alchimie entre les très charismatiques Julia Roberts et Clive Owen opère dès les premières minutes du film. Elle a la classe d'une Katherine Hepburn, il a le charme d'un Cary Grant. Et l'on se régale de leurs joutes verbales. Les seconds rôles se révèlent tout aussi convaincants. Paul Giamatti et Tom Wilkinson se glissent avec bonheur dans la peau de ces grands patrons prêts à tout pour doubler leur rival.Intrigue bien ficeléeTony Gilroy leur a écrit de belles partitions au c?ur de cette intrigue menée tambour battant, ponctuée de flash-back et de rebondissements, portée par une mise en scène soignée. Mais il y a ici aussi un aspect quasi documentaire des plus passionnants sur l'espionnage industriel. On apprend ainsi que le nombre de locations de films pornos par des salariés sur un lieu de travail est un excellent baromètre de leur activité. Et qu'il faut aussi se méfier des photocopieuses, extrêmement faciles à trafiquer pour les transformer en mouchards.Le réalisateur réussit au final un cocktail énergisant mêlant thriller, espionnage, comédie et romance. D'autant que l'histoire de c?ur entre Claire et Ray soulève une interrogation cruciale : deux amants espions peuvent-ils se faire confiance ? Être ou ne pas être espion, telle est la question. n
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