« Je veux avoir un impact »

les rencontres de ruth elkrief (bfm tv)Je ne me voyais pas accueillir les associations de mal-logés sous les lambris dorés pour parler du RSA » : dans son bureau moderne et fonctionnel (ancienne propriété de la Sécurité sociale des mineurs), Martin Hirsh raconte pourquoi il ne nous reçoit pas dans un de ces prestigieux hôtels particuliers qui abritent souvent les ministères. Ce choix symbolise à lui seul sa position particulière au sein du gouvernement : « haut commissaire aux Solidarités actives » et, depuis peu, « à la Jeunesse »?« Cela fait longtemps que je dis qu'alors que 12 ministères sont en charge de cette question (l'Éducation, les Universités, l'Emploi, la Santé, etc.), personne ne s'en occupe vraiment »? Il a donc vraiment proposé ses services, pour durer, pour rester dans les arcanes du pouvoir, lui, l'indépendant, le « passionné de social » depuis des générations ? « J'ai une ambition, celle d'avoir un impact, même si je ne songe pas à la mort chaque jour, cela me ferait plaisir si l'on disait un jour qu'il y a moins de pauvres grâce au RSA, ou encore qu'on a fait une vraie place aux jeunes dans la société française. » Pas question de le confondre pour autant avec les autres personnalités venues de la gauche, par délicatesse, il ne commentera pas la nomination d'Éric Besson au ministère de l'Immigration, mais sa position n'est pas difficile à deviner. Même avec Bernard Kouchner, qui reste son ami (il était son directeur de cabinet), il ne parle pas politique. Pas trop difficile du coup de cultiver sa différence sans s'isoler ? « Je ne me vis pas en trophée, mon boulot ce n'est pas de faire gagner la gauche ou la droite, mais de faire avancer mon projet. J'ai d'ailleurs eu d'excellentes relations avec les présidents de conseils généraux socialistes sur le RSA. » Dès le premier jour, ses conseillers ont reçu trois consignes : « Être hyperprofessionnels, loyaux et craints. » Sur ce chantier particulièrement sensible de la jeunesse, Martin Hirsch redouble de précautions. Richard Descoings et lui se sont concertés avant d'accepter. Il a immédiatement rencontré syndicats et associations, il s'est rendu dans la plus grande école de la 2e chance, il a visité un centre d'apprentis? « Mes interlocuteurs sont dubitatifs, c'est normal, je ne suis pas un bonimenteur. » Plutôt du genre à dévorer toutes les publications sur le sujet, il définit le « haut-commissariat » comme un « îlot de réflexion intellectuelle ». Et parmi les dossiers à ouvrir ou à rouvrir, il cite le service civique, « il n'est pas enterr頻, l'indemnisation des jeunes chômeurs, « la pauvreté touche beaucoup trop les 18-25 ans et je n'ai pas eu le droit de faire le RSA pour eux ». Une commission devrait voir le jour rapidement. Objectif un brin provocateur : « Mettre les vieux dans la rue car on prendrait tout d'un coup trop de mesures en faveur des jeunes. »Sera-t-il appuyé par Nicolas Sarkozy ? « Quand je l'ai rencontré pour la première fois, il m'a dit : ?Vous n'êtes pas obligé de m'aimer?, j'ai bien compris que cela voulait dire le contraire, mais comme avec François Mitterrand ou l'abbé Pierre, je sais qu'il faut se mettre à distance, et aujourd'hui j'ai une relation professionnelle normale avec lui. »Garder une vie normale, c'est d'ailleurs une obsession pour Martin Hirsh. D'emblée, il a refusé l'augmentation de son traitement de conseiller d'État détaché : 9.000 euros. « C'est un très bon salaire, je l'avais avant, je le garderai après. Et lorsque mes amis d'Emmaüs me diront ?on ne te reconnaît plus?, je m'en irai. » n« Je ne me vis pas en trophée, Mon boulot ce n'est pas de faire gagner la gauche ou la droite, mais de faire avancer mon projet. »
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