Les Russes dépensent malgré la crise

Le PIB russe s'est contracté de 8,8 % en janvier 2009 par rapport à janvier 2008. Tous les secteurs de l'économie ont été touchés, sauf la consommation, qui a crû de 5,8 %, selon les chiffres de la banque centrale.Selon un sondage du cabinet d'experts en marketing Comcon, « la population tend à investir l'argent disponible en achats importants (électroménager, meubles et autre), une tendance qui va en s'amplifiant. » Ainsi, 15 % des habitants des grandes villes ont choisi cette option en janvier.Les dépenses d'alimentation connaissent aussi une forte hausse, selon la banque d'investissement Renaissance Capital. « Les consommateurs russes ont dépensé 75 % de leurs revenus en produits de première nécessité dans le second semestre 2008, soit davantage que les Ukrainiens, les Thaïlandais et les Biélorusses ». Ce taux ne dépasse pas les 20 % dans les pays développés. « Lorsque les revenus baissent, les dépenses sur l'alimentation deviennent la priorit頻 explique Natalia Zagvozdina, analyste chez Renaissance Capital.Ce phénomène singulier montre que le « syndrome 1998 » réapparaît à chaque crise. En 1992 comme en 1998, la brutale dévaluation du rouble avait aspiré les économies de millions de ménages russes. La politique de dévaluation progressive poursuivie par la banque centrale depuis novembre dernier a réveillé l'angoisse de la population. Selon Comcon, 15 % des Russes habitant des grandes villes ont opté pour la conversion de leurs dépôts de banques vers le dollar ou l'euro en janvier. Au quotidien, la crise fait chaque jour sentir un peu plus ses effets. Ainsi, les revenus des Russes ont fondu de 26,7 % en janvier par rapport à décembre et de 9,1 % par rapport à janvier 2008, selon le ministère des Affaires sociales russe. Les retards dans les paiements de salaire explosent, tandis que 6 millions de Russes sont au chômage, (soit 8,1 % de la population active). Or, rien ne permet d'envisager une amélioration rapide, selon le ministre des Finances, Alexeï Koudrine. « Même si le baril de pétrole grimpe à 55 dollars, le PIB va décroître », a-t-il pronostiqué. Selon lui, les recettes du budget 2009 vont fondre de 42 % tandis que le fonds de réserve alimenté par les taxes pétrolières va « maigrir » de 60 %. Résultat, après des années d'excédent, la situation va s'inverser et le déficit du budget 2009 va représenter 8 % du PIB russe, selon le ministre. Depuis octobre 2008, quelque 200 milliards de dollars ont fui le pays, dont 40 milliards uniquement en janvier.Emmanuel Grynszpan, à Moscou
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