La SNCF ne voit pas le bout du tunnel

Le président de la SNCF, Guillaume Pepy, avait tiré la sonnette d'alarme dès janvier. « L'année 2009 s'annonce inquiétante. » Elle le sera effectivement. Et sans doute à des niveaux dépassant ses craintes. L'impact de la crise sur le transport, notamment de marchandises, reste fort. Hier, après avoir publié une perte nette de 496 millions d'euros au premier semestre ? la première depuis 2003 ? contre un bénéfice de 418 millions un an plus tôt, David Azéma, directeur général délégué chargé de la stratégie et des finances, s'est dit « circonspect » sur la façon dont se clôturera 2009. A l'exception de l'objectif de 1,1 milliard d'économies qui devrait être atteint voire dépassé, aucune prévision n'a été avancée. En 2008, la SNCF avait dégagé un bénéfice net de 575 millions.Aucun signe de reprise au début du second semestre. Au contraire. La baisse de la demande voyageurs observée à fin juin se poursuit à fin juillet, de manière « un peu dégradée » selon David Azéma. Et les réservations pour les prochains mois « ne laissent pas anticiper un retournement de tendance ». Enfin la menace de la grippe A n'arrange rien. Pour autant, cette piètre performance doit beaucoup au déficit chronique de la branche fret, amplifié par la crise qui a frappé ses gros clients, groupes automobiles en tête. Le fret est responsable de 65 % des pertes du semestre, alors qu'il ne pèse que 6 % du chiffre d'affaires. Son activité s'est effondrée de 27 %. Un énième plan de sauvetage devrait être examiné en septembre.Cette déconfiture n'a pas été compensée par la branche voyages (Corail, TGV, Thalys, etc.), traditionnelle vache à lait du groupe. En raison d'une baisse du tarif moyen, le chiffre d'affaires a reculé de 1,7 %? seulement. Pour autant, « il s'agit d'une cassure de la tendance d'une croissance de 4 % à 7 % par an au cours des dernières années », note David Azéma. dette alourdieImpliquée dans le plan de relance, la SNCF maintient ses investissements sur fonds propres. Certes en recul au premier semestre, ils se sont élevés à 1,1 milliard et dépasseront les 2 milliards en 2009. Mais la capacité d'autofinancement s'est réduite. Et la dette s'est gonflée de 1 milliard, à plus de 7 milliards. Une situation qui agace à la SNCF où l'on peste contre la dépréciation immédiate des investissements dans la branche infrastructures. En cause, le contrat avec Réseau Ferré de France (RFF) qui ne couvre pas la valeur des actifs. Aux 325 millions passés en 2008, s'est ajoutée au premier semestre une nouvelle dépréciation d'actifs de 150 millions. La renégociation du contrat de gestion de l'infrastructure avec RFF, qui expire en 2010, constitue « le gros dossier » de l'entreprise ferroviaire. n
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