Laurent-Perrier se recentre

À un mois de Noël, Laurent-Perrier n'est pas à la fête en Bourse. L'action de la maison de champagne, qui a présenté ses résultats semestriels hier, décroche de 58 % depuis janvier, une dégringolade plus forte encore que celle de l'indice SBF 250 (? 44 %). Laurent-Perrier fait les frais de l'aversion des investisseurs pour les sociétés endettées en cette période de crise du crédit. Certes, les 293,2 millions d'euros de dettes nettes du groupe ne représentent pas moins de 131 % de ses fonds propres. Mais les maisons de champagne sont par nature gourmandes en capitaux, du fait de l'importance des stocks à financer. Stocks dont la valeur couvre d'ailleurs près de 160 % de l'endettement net.contre-performances Si le bilan de Laurent-Perrier ne doit pas constituer un motif d'inquiétude, il peut en être autrement des comptes du premier semestre 2008-2009 (clos le 30 septembre). Le bénéfice net a plongé de 35,4 %, à 11,1 millions d'euros, pour un chiffre d'affaires en chute de 26,2 %, à 85,2 millions. Deux raisons principales à ces contre-performances. D'abord, le groupe, qui compte parmi ses marques Laurent-Perrier, Salon, Delamotte et Champagne de Castellane, s'est recentré cette année sur le haut de gamme. C'est sur ce créneau que la demande est la plus forte ? compte tenu de la multiplication des grandes fortunes dans les pays émergents ? et la plus lucrative. Le groupe juge cette stratégie de prix élevés d'autant plus pertinente que, selon lui, la demande dépassera l'offre, à moyen terme. Ensuite, en se focalisant sur les réseaux de distribution sélectifs, la société a perdu une partie de son chiffre d'affaires. Même s'il s'agit là d'un passage obligé. Plus ennuyeux en revanche, l'activité a pâti d'une baisse de 6 % de la demande mondiale de champagne, au cours de la période avril-septembre. En cause : le ralentissement économique, qui a vu un tassement des ventes au Japon, en Grande-Bretagne, en France et aux États-Unis. La crise financière devrait aussi avoir un impact « tangible » sur les ventes de Noël, période cruciale pour le secteur, reconnaît Yves Dumont, président du directoire de Laurent-Perrier. des objectifs différés À tel point que le dirigeant vise un chiffre d'affaires de l'ordre de 200 millions d'euros seulement pour l'exercice en cours, après quelque 250 millions en 2007-2008. Ainsi qu'une marge opérationnelle comprise entre 21 % et 23 %, après les 26 % dégagés sur l'exercice précédent. Le groupe a différé ses objectifs de moyen terme. Ce n'est donc pas dans trois ou cinq ans, mais plutôt dans quatre ou sept ans que Laurent-Perrier dégagera une marge opérationnelle supérieure à 30 %, précise Yves Dumont qui, d'ici là, aura quitté la société, sa retraite étant prévue pour mars 2010. Dès le 1er janvier prochain, Yves Dumont laissera le fauteuil de président du directoire à Stéphane Tsassis, l'actuel directeur général adjoint du groupe, pour assurer des missions de conseil en stratégie auprès de Laurent-Perrier. À charge donc pour Stéphane Tsassis de récolter les fruits de la stratégie de haut de gamme lancée cette année.
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