Le Trésor américain s'endette au prix fort

Le Trésor américain s'apprête à émettre cette semaine un record de 115 milliards de dollars de titres de la dette publique, contre un précédent montant inédit par son ampleur proposé le 22 juin dernier (104 milliards). Dès aujourd'hui, les investisseurs seront appelés à souscrire 42 milliards de dollars de notes à 2 ans, auxquelles s'ajouteront les jours suivants 39 milliards de titres à 5 ans, puis 28 milliards de papiers à 7 ans, sans oublier 6 milliards de tips, les obligations indexées sur l'inflation, à vingt ans. Avec une interrogation qui est sur toutes les lèvres : le marché, qui a déjà absorbé le record absolu de 1.150 milliards de dollars d'emprunts d'État à long terme au premier semestre ? plus de deux fois le montant proposé en 2008 ?, n'est-il pas menacé d'indigestion ? C'est cette crainte qui avait provoqué la forte tension des rendements à long terme observée au printemps, avec un pic des taux à 10 ans à 4 % à la mi-juin, avant que le président de la Fed ne rassure les opérateurs. La semaine dernière encore, Ben Bernanke s'est engagé à maintenir le taux directeur de la banque centrale à très bas niveau pendant une période prolongée, estimant les craintes de résurgence de l'inflation très surestimées. effet de gavageSentiment encore renforcé dimanche par le diagnostic porté par Bernanke sur l'économie américaine pour le compte du réseau de télévision PBS qui diffusera sur trois jours la bonne parole du maître. La croissance reviendrait à 1 % en rythme annualisé dès le second semestre 2009. Paradoxalement, le niveau encore élevé des rendements longs ? 3,75 % pour les taux à 10 ans hier ? constitue un atout pour les investisseurs. En termes réels, c'est-à-dire défalqués d'une inflation qui a reculé de 1,4 % en glissement annuel en juin, les rendements à 10 ans n'ont jamais été aussi élevés depuis quinze ans, atteignant 5,15 %, (contre une moyenne de 2,75 % sur les vingt dernières années, selon l'agence Bloomberg).C'est ce qui explique que, malgré l'effet de gavage, les investisseurs ne boudent pas leur plaisir et affluent sur les émissions du Trésor américain, qui sont systématiquement sursouscrites depuis le début de l'année. Et dans des proportions plus importantes que lors des opérations réalisées en 2008. La participation d'acteurs étrangers renforce cet engouement, qui compense le relatif manque d'appétit des résidents américains. Gagnés par le goût du risque, ces derniers ont fait leur grand retour sur les actions et les obligations d'entreprises, se laissant gagner par un certain dédain pour leur actif favori en période troublée, les emprunts d'État. Les acheteurs internationaux ont accru leur encours de titres cette année, qui frôle désormais les 3.300 milliards de dollars et parmi eux les banques centrales étrangères tiennent une place d'élite. À commencer par la Chine, devenue le premier créancier des États-Unis, avec un portefeuille de près de 800 milliards d'emprunts d'État américains. n
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