« L'État doit engager la réforme du fret de la SNCF »

trick OllierQuelle est votre réaction après l'annonce, par la SNCF, d'une perte semestrielle de 496 millions d'euros imputable pour 65 % au fret? qui ne pèse que 6 % du chiffre d'affaires ?Ces résultats sont bien entendu très mauvais. La crise met en lumière une tendance qui ne fait que s'amplifier d'année en année et qui pèse sur les résultats de la SNCF. L'État a engagé 3,5 milliards d'euros d'aides publiques au cours des cinq dernières années dans des plans qui n'ont pas fonctionné. Cela suffit. Ce constat inquiétant doit conduire l'État à prendre ses responsabilités pour aider la SNCF à mettre en place des réformes structurelles profondes qui ne doivent plus être reportées. Il en va de la survie de la SNCF et de sa capacité à affronter la concurrence. Encore faut-il avoir le courage et la volonté d'engager ces réformes. J'appelle donc le gouvernement à prendre cette initiative afin de sauver le fret. Sans remettre d'argent. Il doit fixer un plan de travail, un calendrier et des objectifs précis. On peut, par exemple, se fixer l'échéance de juin 2010 pour trouver des solutions. Le Parlement est prêt à l'aider s'il le faut.Quelles sont ces solutions ?Le modèle économique du fret est complètement obsolète. Il y a plusieurs choses à faire. D'abord, mettre en place une nouvelle gestion du service de wagon isolé [wagons qui partent des entreprises pour être regroupés dans un seul train, Ndlr], qui représente à lui seul 65 à 70 % des pertes du fret et 40 % de son chiffre d'affaires. Ceci doit passer par la création d'opérateurs locaux de transport ? qui assureraient l'activité sur des tronçons de 150 à 300 kilomètres ?, par le biais de partenariats public privé (PPP), dans lesquels la SNCF peut être présente. Il existe des candidats. En un ou deux ans, de tels PPP pourraient voir le jour. Ensuite, la grande vitesse ne doit pas être réservée au seul transport de voyageurs. Il est urgent de la lancer dans le fret aussi, y compris pour une exploitation nocturne, même si je sais que cela peut poser des difficultés.Au-delà, il faut une organisation plus adaptée. Avec de nouvelles méthodes de travail, le fret peut être rentable. Pour améliorer la performance, un rapport parlementaire préconise la filialisation du fret.Les syndicats y sont opposés et la direction ne prendra pas le risque d'un conflit social très dur.La filialisation ne doit pas remettre en cause le statut particulier des cheminots. Il est inutile d'ouvrir un front sur ce point. Nous avons besoin des cheminots. Il faut les rassurer. Mais il faut avoir le courage d'engager la réforme.Propos recueillis par Fabrice Gliszczynsk
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