La Californie à l'épicentre de la crise financière

Keep California great and invest in our Golden State » : faites en sorte que la Californie reste super et investissez dans notre État doré ! C'est un appel au secours qu'a lancé Arnold Schwarzenegger, le gouverneur de Californie, dans un spot publicitaire diffusé à l a radio. À l'origine de ce cri d'alarme ? La grave crise budgétaire que connaît l'Etat (15 milliards de dollars de déficit) et l'impossibilité pour la sixième économie au monde d'emprunter à court terme auprès des banques pour assumer ses dépenses courantes. L'ancien acteur hollywoodien avait même écrit une lettre à Henry Paulson, le secrétaire américain au Trésor, pour l'avertir de la nécessité pour son État d'emprunter d'urgence jusqu'à 7 milliards de dollars. L'État a finalement réussi à émettre 5 milliards de dollars d'obligations. De quoi assurer ses besoins de trésorerie pour l'exercice budgétaire 2008-2009. Et le scénario d'un éventuel sauvetage de la Californie par le gouvernement fédéral a été temporairement oublié. La situation n'a sans doute pas fini de se détériorer, prévient Jason Dickerson, analyste fiscal au Legislative Analyst's Office basé à Sacramento, capitale de l'État. « La Californie a un système fiscal très progressiste. Les individus les plus riches sont les plus taxés et le budget de l'État va être amputé grandement par la baisse de leurs revenus car ils vont payer moins d'impôts. D'autre part, la crise immobilière met à mal les caisses de l'État et des municipalités, les impôts fonciers s'effondrant au même rythme que les prix de l'immobilier. » Côté emploi, la dégradation est aussi très rapide. Si la Californie connaît aujourd'hui un chômage de 7,7 %, des villes de la vallée agricole comme Modesto ou Merced enregistrent des taux supérieurs à 12 %, selon le centre de recherche Beacon Economics. « La double chute du marché immobilier et de Wall Street n'augure rien de bon pour le Golden State, dont les dépenses publiques dépendent de l'un comme de l'autre », avertit Jackson Dickerson. Récemment, Jack O'Connel, le superintendant de l'instruction publique pour l'État de Californie, n'a pas cherché à cacher l'impact dévastateur de la crise financière sur les écoles publiques de l'État. « La débâcle de Wall Street n'a pas seulement affecté Main Street. Nos écoles publiques en sont également les victimes inattendues. » Ainsi, dans le comté de San Mateo (au sud de San Francisco), les écoles publiques locales ont vu disparaître 155 millions de dollars, le montant des investissements qu'elles avaient confiés à Lehman Brothers, suite à la chute de cette institution... séisme bouleversantAssommés, les Californiens découvrent chaque jour l'étendue des dégâts de la crise. Laquelle, rappelle John Haveman, directeur de Beacon Economics, est née précisément dans leur État, à l'origine du séisme bouleversant aujourd'hui l'économie mondiale. « Un tiers des crédits supbrimes provenait de Californie, pionnière en la matière », argumente-t-il. Selon lui, la Californie, qui concentre 12 % de la population américaine, sera, en conséquence, l'un des trois ou quatre États les plus affectés par la récession alors que les saisies immobilières s'y multiplient, provoquant une chute record du prix de l'immobilier (41 % en Californie depuis 12 mois). La faillite au printemps dernier de Vallejo, une cité dortoir de 120.000 habitants à 40 km au nord de San Francisco, illustre les excès de l'État. « La plupart des villes ajustent leurs budgets en fonction des cycles économiques en épargnant quand les temps sont prospères. Vallejo n'a pas su anticiper la crise et remettre en question les contrats beaucoup trop généreux accordés aux employés municipaux », analyse Stephanie Gomes, membre du conseil municipal. Aux abois, la municipalité vient de réclamer aux banques et aux autorités de l'État un moratoire sur les saisies immobilières. prudenceSan Francisco devrait résister un peu mieux à la crise même si les prix de l'immobilier vont probablement encore baisser de 25 % à 30 % pour atteindre des niveaux plus réalistes. Affectées de plein fouet par le ralentissement de l'activité économique et le gel du crédit, les petites et moyennes entreprises (40 % du tissu économique de la région) sont aussi en première ligne. À une heure de route, la Silicon Valley, Mecque de la high-tech, ne sera pas non plus complètement épargnée. « Les capital-risqueurs se montrent très frileux et le secteur clean-tech risque d'en prendre un coup », pronostique Stephen Levy, directeur du centre pour l'étude continue de l'économie californienne, à Palo Alto. « Les Google, Apple et Yahoo de ce monde survivront à la crise mais verront leurs profits entamés », prévoit John Haveman. Ebay puis Yahoo ont déjà annoncé qu'ils licenciaient 10 % de leurs effectifs.Et si Apple, star incontestée de la vallée en ces temps de crise, peut se targuer de résultats exceptionnels, dopés par le succès de son iPhone 3G, le groupe reste prudent dans ses prévisions. Optimiste invétéré, Steve Jobs, son patron légendaire, est pourtant persuadé que le ralentissement économique ouvrira des opportunités aux entreprises. Du moins celles qui auront suffisamment de liquidités pour en tirer profit. Petit signe d'espoir, en septembre 2008, la vente de logements existants en Californie a doublé par rapport à septembre 2007. A. S.La faillite au printemps dernier de Vallejo, une cité dortoir de 120.000 habitants à 40 km au nord de San Francisco, illustre les excès de l'État. Aux abois, la municipalité vient de réclamer aux banques et aux autorités de l'État un moratoire sur les saisies immobilières.
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