L'attaque islamiste ravive les fractures de l'Inde réouvertes

Les analystes se montraient prudents, jeudi soir, alors que la situation n'était pas revenue à la normale à Bombay et que l'identité des assaillants n'était pas encore clairement établie. Mais, en tout état de cause, cette attaque s'inscrit dans le prolongement d'une vague croissante d'attentats islamistes en Inde. Depuis trois ans, l'inde est frappée environ tous les trois mois par un attentat. Toutefois, l'attaque de Bombay marque une nette escalade, par son ampleur et son caractère spectaculaire. Ce faisant, elle risque d'exacerber les tensions communautaires dans un pays qui n'en manque pas. L'autre dimension de l'attaque tient à la volonté de frapper la capitale financière du pays et de s'en prendre aux lieux fétiches des hommes d'affaires étrangers, comme les grands hôtels. D'autant que, selon des rescapés, les terroristes cherchaient à identifier les porteurs de passeports américains et britanniques. montée de l'insécuritéVoilà qui tombe mal pour le gouvernement indien, au moment où il cherche à attirer des investissements directs d'entreprises étrangères pour compenser la fuite des investisseurs boursiers. Le retournement du climat des affaires et la montée de l'insécurité pourraient ainsi porter un coup d'arrêt à la montée des investissements étrangers en Inde, lesquels avaient atteint 25 milliards de dollars pour l'année fiscale 2007-2008, soit un triplement en deux ans. Signe de l'inquiétude de la communauté d'affaires, l'« Herald Tribune » a annoncé hier le report de sa conférence annuelle du luxe, qui était programmée la semaine prochaine à New Delhi, en raison des attaques terroristes.Alors que des élections générales auront lieu au printemps prochain, tout ceci pourrait avoir des conséquences politiques. « C'est forcément négatif pour le Parti du congrès (au pouvoir), à qui l'on peut reprocher son impuissance face au terrorisme », estime un universitaire occidental. A contrario, le BJP, principal parti d'opposition, pourrait en bénéficier : pour ce parti hindou militant, la dénonciation des musulmans est un élément essentiel de son fonds de commerce. Reste qu'il est lui-même embarrassé par l'apparition récente de mouvements terroristes hindous à ses franges. Cela dit, les élections ont lieu dans six mois et il est trop tôt pour savoir si le terrorisme y jouera un rôle central ou pas. « Les gens votent sur les problèmes de leur vie quotidienne », rappelle Dipankar Gupta, professeur de sociologie à l'université Nehru. Ce qui se traduit d'ailleurs le plus souvent par un rejet des équipes en place, quelles qu'elles soient.Patrick de Jacquelot, à New Delhi
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