Le fonds d'investissement social naît dans la confusion

Sa création a été actée lors du sommet social du 18 février. Son baptême a eu lieu officiellement le 10 avril, avec, pour parrain, le chef de l'État. Pourtant, le fonds d'investissement social (Fiso) est loin d'être en ordre de marche. Hier, à l'occasion de la première réunion du Fiso avec le gouvernement et les partenaires sociaux, la plus grande confusion régnait sur son rôle précis. Nul n'a remis en cause le dispositif, né à l'initiative de la CFDT. Sur le papier, l'idée de mieux coordonner des projets de formation ou de soutien aux licenciés économiques en cette période de crise ne suscite guère de critique. En revanche, la mise en ?uvre concrète du Fiso, doté de 1,5 milliard d'euros pour 2009 par l'État et de 400 millions via les fonds paritaires, laisse les syndicats dubitatifs. « Le concept est beau. Mais il faut clarifier les pouvoirs et les financements des uns et des autres », souligne Gabrielle Simon, de la CFTC. « Les premiers pas sont balbutiants et pas dans l'épure de ce qu'on souhaiterait. Mais il faut apprendre à changer les comportements », ajoute Marcel Grignard, numéro 2 de la CFDT.Premier problème auquel se heurtent les participants au Fiso, la définition des critères permettant de choisir les projets bénéficiant d'une aide. Pour l'instant, le gouvernement en a évoqué quatre, très généraux (contribution à la sécurisation des parcours professionnels et au maintien dans l'emploi, qualité des partenariats?). Sans convaincre. « Qu'est-ce que ça veut dire la qualité des partenariats ? Est-ce que c'est juste un diagnostic partagé ? Est-ce qu'il faut un accord collectif ? » s'interroge Maurad Rabhi, participant CGT au Fiso.Autre difficulté, la contribution financière des uns et des autres. Car le Fiso n'a pas d'existence en soi. Il agrège, en fonction des projets, des fonds venus de l'État ou de structures paritaires. Là encore, les critères manquent de précision. « Ce n'est pas simple. Chacun est jaloux de son argent, mais est heureux s'il peut en prendre aux autres », reconnaît Marcel Grignard de la CFDT.Passage en forceHier, le mécontentement des syndicats était d'autant plus grand qu'avant même d'avoir érigé des règles claires, le gouvernement a souhaité leur faire valider deux projets, l'un portant sur la branche bâtiment et construction (60 millions d'euros dont 18 en provenance du Fiso), l'autre sur le secteur du travail temporaire (6,7 millions d'euros sollicités auprès du Fiso). Un passage en force qui a fait tousser. Pour apaiser les esprits, le ministère de l'Emploi a promis d'envoyer aux partenaires sociaux, d'ici à la fin de la semaine, un document détaillant les critères de validation. Il y a urgence si l'exécutif ne veut pas que le Fiso reste une belle idée? n
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