Sévère plongeon des majors avec le reflux du pétrole

La fête est finie pour les majors, touchées de plein fouet par la dégringolade des cours du brut depuis juillet dernier. Les résultats des deux plus importantes majors mondiales, les américains Exxon Mobil et Chevron, sont attendus aujourd'hui en chute libre pour le dernier trimestre. Exxon Mobil devrait enregistrer un brutal coup d'arrêt à la hausse ininterrompue de ses profits qui ont triplé en cinq ans. Le consensus d'analystes de Bloomberg les prévoit en baisse de 37 %, à 7,32 milliards de dollars pour les trois derniers mois de 2008. Une chute estimée à 22 % pour le bénéfice net de Chevron, à 3,8 milliards de dollars, soit le plus bas depuis sept ans. Royal Dutch Shell, la première compagnie pétrolière européenne, a publié hier sa première perte nette trimestrielle depuis dix ans, de 2,8 milliards de dollars (contre un bénéfice de 8,5 milliards un an plus tôt) ; ConocoPhillips, la troisième major américaine, avait annoncé avant-hier un déficit record de 31,8 milliards de dollars pour le seul dernier trimestre 2008. Occidental Petroleum, un des principaux pétroliers indépendants américains, a publié hier un bénéfice net en recul de 70 %, à 443 millions de dollars, sur la même période. La plongée du prix du baril, depuis son record de 147,5 dollars en juillet à son niveau actuel compris entre 40 et 50 dollars, se traduit de façon spectaculaire dans les comptes des majors. ConocoPhillips a procédé à une massive dépréciation d'actifs, de 34 milliards de dollars, à la hauteur des nombreuses et coûteuses acquisitions effectuées au moment où l'envolée du pétrole semblait sans fin. Les analystes amateurs de frisson aiment se souvenir du rachat du producteur de gaz Burlington Resources en 2005, précisément la veille du record du prix des contrats de gaz américains. Depuis, ces prix ont été divisés par trois. Sur cette dépréciation, 7,4 milliards de dollars portent sur la seule révision à la baisse de la valeur de la participation de 20 % dans le russe Loukoil, acquise fin 2006. moins d'investissementsShell, quant à elle, impute à un changement de méthode comptable sur l'évaluation des stocks l'essentiel de sa perte nette du dernier trimestre 2008. Néanmoins, la major anglo-néerlandaise affiche une chute de 28% de son bénéfice net « ajusté des coûts courants », son indicateur habituel, à 4,78 milliards de dollars. Le bénéfice de sa division raffinage, érodé par la baisse des prix a chuté de 33%, celui de sa branche exploration et production de 24%. Bilan : la compagnie, qui sera dirigée en juillet prochain par l'actuel directeur financier, le Suisse Peter Voser, et donc pour la première fois de son histoire par un patron ni britannique ni néerlandais, a revu à la baisse ses investissements pour 2009. Ils s'établiront entre 31 et 32 milliards de dollars, contre 36 milliards annoncés en octobre. Il s'agit d'un « équilibre entre ses engagements et un paysage économique plus difficile en 2009 », a commenté le groupe. ConocoPhilipps, de son côté, a pris des mesures plus drastiques : suppression de 4% de ses effectifs dans le monde et limitation de ses investissements à 12,5 milliards de dollars.
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