Lufthansa défie British Airways

Lufthansa va débarquer en force sur le marché britannique, à Londres-Heathrow en particulier. Possédant 30 % de BMI (ex-British Midland), la compagnie allemande doit en prendre le contrôle début 2009 avec le rachat des 50 % du PDG fondateur, Michael Bishop. La somme fixée lors du pacte d'actionnaires en 1999 avoisinerait 400 millions d'euros. L'opération pourrait s'étendre à Virgin Atlanctic. La compagnie de Richard Branson a tendu hier une perche à Lufthansa en réaffirmant son intérêt pour un rapprochement avec BMI. Ce qui donnerait à Lufthansa une force de frappe considérable à Heathrow avec 20 % des créneaux horaires. Malgré la crise, Lufthansa poursuit ses acquisitions. Après l'annonce en septembre du rachat de Brussels Airlines, la compagnie part favorite pour celui d'Austrian.La baisse du prix du pétrole sous la barre des 70 dollars ces dernières semaines est une excellente nouvelle pour le transport aérien. Et ce, même si le recul est lié à la dégradation de l'économie mondiale, facteur de baisse du trafic. Le traumatisme d'un baril flirtant avec les 150 dollars en juillet a été trop fort. Pour autant, à court terme certains transporteurs sont pénalisés par la chute brutale du prix du l'or noir depuis l'été. D'autres risquent de ne pas en profiter pleinement. Ce paradoxe s'explique par l'inefficacité dans le cas présent des couvertures carburant, un système d'assurances qui vise à obtenir pour des périodes futures un prix du kérosène moins élevé que le prix du marché. « On essaye de fixer aujourd'hui le prix du ?jet-fuel? consommé demain », résume un expert. Schématiquement, parmi tous les instruments financiers utilisés se distinguent les « swaps » et les « options ». Les premiers fixent un prix à une échéance donnée. Si, à ce moment-là, le baril coûte plus cher, la compagnie ne paiera rien. Mais, s'il est moins cher, elle n'en profitera pas et paiera le prix fixé dans le contrat avec la banque. Aussi existe-t-il, les « options », plus onéreuses pour les transporteurs, mais qui permettent de profiter d'une baisse du prix du baril dans certaines limites.coup perdantAinsi, l'utilisation de ces instruments complexes a fait plonger les compagnies américaines au troisième trimestre à 2,52 milliards de dollars pour les dix plus gros opérateurs. Craignant une envolée du prix du baril jusqu'à 200 dollars voire plus, les opérateurs américains se sont protégés au moment où le baril était à son pic. Un coup perdant avec la chute rapide du prix du baril. United a provisionné 519 millions de dollars, US Airways 488 millions, Northwest 317 millions, 247 millions pour Southwest, qui disposait avec Air France-KLM de l'une des meilleures couvertures de la planète.rivé sur les variations du prix du baril, le groupe français n'en est pas là. « Nos couvertures sont toujours gagnantes », indique une porte-parole. Selon des analystes, si le baril restait en dessous de 70 dollars environ de manière durable, Air France-KLM ne profiterait pas entièrement de la baisse?: la compagnie continuerait de payer 70 dollars. Ce prix permettrait de réduire néanmoins la facture carburant. Car il est toujours préférable de perdre des opportunités quand le prix du baril est bas que d'en gagner quand il est très haut. Ainsi la facture du groupe après couverture serait réduite de plus de 1 milliard d'euros entre le cours du baril du 18 juillet et celui du 17 octobre 2008. Comme Air France-KLM, Lufthansa, dont la faillite de Lehman Brothers lui a fait perdre 76 millions d'euros de gain de couvertures, ne profitera pas à plein du recul du brut.low-cost gagnantesLes plus gros bénéficiaires de la baisse des cours sont, à moyen terme? les compagnies américaines. Beaucoup ont en effet nettoyé leur bilan au troisième trimestre en y intégrant une grande partie des couvertures perdantes, qui auraient pollué leurs prochains résultats. Ainsi, au quatrième trimestre, les transporteurs américains paieront le carburant au prix du marché. S'il est bas, elles en profiteront. De même les low-cost, dont le carburant représente une grande partie de leurs charges, seront gagnantes. Ceux qui disposent de peu de couvertures parce qu'ils avaient refusé de s'engager quand le prix du baril explosait vont aussi en profiter. Ryanair en particulier. À l'issue du troisième trimestre, ses couvertures autour de 123 dollars s'achèvent. Si le baril se situe à 65 dollars, sa facture carburant sera allégée de 500 millions d'euros. fabrice Gliszczynski et Christine Lejoux
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