Pour la MGM,

Son nom est Sloan, Harry Sloan. Et son rôle est de combattre Spectre, une créature qui contrôle les marchés financiers? Le patron des fameux studios hollywoodiens Metro Goldwyn Mayer (MGM), de passage à Londres pour l'avant-première mondiale demain soir du nouveau « James Bond » (« Quantum of Solace »), est confronté à un méchant digne de 007?: la crise financière. Celle-ci vient contrarier ses plans pour refinancer sa dette, tandis qu'il a des difficultés à lever de l'argent pour financer ses prochains block- busters.Les problèmes financiers arrivent à un mauvais moment pour la MGM. La vieille major, fondée en 1924, est en transition. Il y a quatre ans, Sony, Comcast, et les fonds Providence et TPG la rachetait au financier Kirk Kerkorian pour 5 milliards de dollars. Mais son énorme dette de 3,7 milliards de dollars (2,9 milliards d'euros) pèse sur ses comptes. Début 2008, la MGM a mandaté Goldman Sachs pour chercher un nouveau partenaire, qui serait prêt à injecter des liquidités en échange d'une prise de participation. « Nous ne sommes pas à vendre, contrairement aux rumeurs, précise Harry Sloan. Ce que nous cherchons est de réduire notre ratio d'endettement. » Combien cherche-t-il?? « Nous voulons effacer au moins 25 % de la dette. » Soit presque 1 milliard de dollars.Les négociations étaient bien engagées au printemps. Des fonds souverains du Moyen-Orient, regorgeant de dollars alors que le pétrole « flambait », se sont intéressés de près au dossier. Mais tout s'est écroulé à l'automne avec la tempête financière.Harry Sloan réplique que la MGM peut se permettre d'attendre?: la dette n'est pas due avant 2012. « Nous avons trois ans devant nous. » Pour l'instant, il indique avoir quasi arrêté de chercher un investisseur. « Actuellement, mieux vaut rentrer chez nous, passer un bon Noël et voir où nous en serons au début de l'année. »Fabuleux catalogueMais la dette n'est pas le seul problème de la MGM. Le principal actif du studio est son fabuleux catalogue de plus de 4.000 films, y compris les « James Bond », « Robocop », « Rocky »? Mais le studio au fameux lion rugissant avait arrêté ces dernières années de produire de nouveaux films. C'est par exemple Sony qui a produit les deux précédents « James Bond », même si la MGM reste un partenaire et possède les droits pour les DVD.Mais Harry Sloan, qui est devenu le directeur général du groupe en octobre 2005, estime que cette stratégie est une vision de court terme, le catalogue n'étant plus régénéré. En mars, il a embauché Mary Parent, une ancienne d'Universal, pour relancer les productions. De nombreux blockbusters sont désormais dans les tuyaux?: un « Robocop », deux « Hobbit » (films basés sur le personnage du Seigneur des anneaux), et « James Bond » repasse intégralement sous la supervision de la MGM? « L'objectif est de réaliser 8 à 10 films par an, pour 75 à 80 millions de dollars en moyenne, avec un partenaire à 50 % sur chaque film », explique Harry Sloan. Le calcul est simple?: la MGM va avoir besoin de 400 millions de dollars par an.Mais, Harry Sloan reste zen. La MGM dispose de trois lignes de crédit?: deux de JP Morgan pour 450 millions de dollars, et une de 500 millions de Merrill Lynch. Cette dernière concerne United Artist, le studio repris par Tom Cruise, propriété de la MGM. « Mais il est possible qu'on produise moins de films en 2009. Et idéalement, nous aurions besoin d'un nouveau financement d'ici à fin 2010. »Enfin, Harry Sloan se veut aussi (relativement) optimiste pour l'industrie du cinéma pendant la récession mondiale à venir. « Quand les gens n'ont plus d'argent, ils cherchent une forme de divertissement moins chère. Je pense que nous allons faire mieux que le reste de l'économie. » Il pourra vérifier sa théorie dans les mois qui viennent, d'abord avec le nouveau « James Bond », puis avec la sortie fin décembre de « Valkyrie », la dernière grande production de Tom Cruise.Début octobre, la MGM a signé un contrat avec Orange France, pour lui fournir des films pour sa nouvelle chaîne de cinéma. Pourtant, selon une source proche du dossier, Canal Plus, son principal concurrent, était prêt à mettre plus sur la table. « Les deux groupes proposaient des conditions équivalentes, confirme Harry Sloan, patron de la MGM. Mais nous avons choisi de faire un pari de long terme. Nous préférons quand il existe de la concurrence avec plus d'un acteur TV payante. » En d'autres termes, la MGM est décidée à aider la plate-forme d'Orange. « La concurrence est dans l'intérêt des studios. » L'autre avantage d'Orange est sa présence internationale dans Internet et le mobile. La MGM a déjà des accords de vidéo sur demande avec Orange en Grande-Bretagne, en Espagne et en Pologne.
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