Les banques américaines s'affirment

Les grandes banques américaines l'affirment ouvertement ou à mots couverts. Aucune n'est « substantiellement » exposée aux activités de Bernard Madoff. Alors que les banques européennes continuent à évaluer leurs pertes, aux États-Unis seuls des hedge funds, des fonds de pension, des fondations caritatives et des particuliers fortunés ont pour l'heure révélé avoir été affectés par l'escroquerie de l'ancien président du Nasdaq dont le gendarme boursier (SEC) tente de démasquer les complices.Contactées par «?La Tribune?», Citigroup, Morgan Stanley, Goldman Sachs, JP Morgan Chase et Merrill Lynch assurent n'avoir aucune « exposition directe ou indirecte » à Bernard Madoff Investment Securities. Un discours que la direction new-yorkaise de Barclays tient aussi au sujet des activités de banques d'investissement et de marchés de capitaux reprises à Lehman Brothers en Amérique du Nord. Le siège de Bank of America décline pour sa part tout commentaire, indiquant « n'avoir rien à annoncer au sujet de Bernard Madoff ».En interne, des employés de ces établissements tiennent des propos plus nuancés. Un banquier de Lehman Brothers précise que l'exposition directe du groupe déchu était « minimale et entièrement garantie [collateralized] ». Un confrère de JP Morgan Chase prévient que son exposition indirecte, soit à travers le conseil en investissement à des clients, était « immatérielle » mais bien réelle. Au sein de Citigroup est évoquée « une exposition insignifiante qui n'est pas susceptible d'apparaître dans les comptes ».projet abandonnéQuant à la plate-forme de transaction électronique Primex créée en 1999 par Bernard Madoff Investment Securities avec Merrill Lynch et Goldman Sachs, elle a fait long feu. Après que les trois partenaires, rejoints par Salomon Smith Barney et Morgan Stanley, se furent associés au Nasdaq pour développer cette coentreprise, le projet Primex, faute de succès, a été abandonné en 2003.Malgré cette proximité, les opérateurs de marché estiment que les banques européennes ont davantage été victimes de leur culture d'entreprise que d'un déficit d'information par rapport à leurs concurrentes américaines. « Je ne crois pas que les banquiers américains étaient davantage au fait des malversations de Madoff que les européens », assure un gérant français basé à New York. Il ajoute que « les banques américaines ont moins l'habitude d'employer des fonds externes que les européennes ».« Les banques américaines considéraient davantage Madoff comme un concurrent que comme un intermédiaire potentiel pour leurs clients », analyse Christopher Whalen, directeur du cabinet Institutional Risk Analytics. « Ces établissements rechignent à verser des commissions à des sociétés comme celle de Madoff car elles disposent de leurs propres fonds et n'hésitaient pas, avant l'effondrement des marchés, à en acheter pour développer en interne ce type d'activités, comme l'a fait Citigroup avec Old Lane, avec le succès que l'on sait », rappelle Whalen. poursuites judiciairesEn avril 2007, Citigroup a acquis Old Lane, fondé par Vikram Pandit, devenu par la suite le directeur général du conglomérat bancaire? avant de fermer ce fonds alternatif du fait de ses contre-performances.« Les banques américaines ne sont pas exposées en direct à Madoff, mais elles risquent toutefois d'être poursuivies en justice par des clients ayant fait appel à leurs services financiers, que ce soit dans la banque privée ou la conservation de titres », explique un banquier européen. La communauté d'affaires new-yorkaise attend donc avec impatience la publication des rapports d'enquêtes de la SEC et l'ouverture du procès de Bernard Madoff pour découvrir l'étendue des pertes potentielles des clients des banques américaines. « Mais les établissements américains seront de toute façon plus préservés car, contrairement aux européens, ils ont peu développé les produits dérivés sur les hedge funds », note le même opérateur. n++BSD ++ NePas supprimer n signature++BSF ++
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