Déflation : la Fed au pied du mur

En ramenant son principal taux directeur à 1 % et en laissant la porte grande ouverte à d'autres baisses de taux, la Réserve fédérale témoigne une nouvelle fois de sa détermination à venir à bout de la crise. Ironie de l'Histoire, l'objectif des fed funds est revenu au plancher historique déjà testé pendant l'ère Greenspan. Le même qui avait poussé les banques à faire preuve d'une imagination débordante pour dégager une rentabilité supplémentaire. La différence est qu'aujourd'hui il s'agit de soigner un système financier, et plus largement une économie ? le PIB américain a reculé de 0,3 % au troisième trimestre ?, mis à mal par les excès nés de ces conditions monétaires exceptionnelles. Dans une telle situation, certains, comme Stephen Roach, de Morgan Stanley, réclament une révision des statuts de la Fed. En plus de veiller à la stabilité des prix et à la croissance, l'institut monétaire devrait également se porter garant de la stabilité financière, estiment-ils.« Ben Bernanke sait qu'il vaut mieux agir vite et fort pour empêcher l'entrée dans une spirale déflationniste », expliquent quant à eux les économistes de Natixis. Lorsque l'inflation est négative il est déjà trop tard?: les autorités monétaires ne peuvent plus stimuler l'économie, même avec des taux d'intérêt nominaux très bas car, en termes réels, ces derniers restent positifs. Ainsi, pour les économistes de Natixis, « deux baisses de taux d'un quart de point en décembre et en janvier nous semblent le scénario le plus probable, mais une action plus rapide comme un demi-point en décembre est loin d'être exclue ».soutien aux émergentsEn attendant, la Fed, à l'image du Japon du début de la décennie, intensifie sa politique d'« assouplissement quantitatif ». Après avoir élargi la liste des actifs éligibles à ses opérations de refinancement, donné la possibilité aux principales banques centrales d'offrir du dollar, permis l'accord de prêts directs aux institutions financières en difficulté et mis en place une politique d'achat de « commercial papers » (ces titres permettent aux banques et aux entreprises de se refinancer à court terme), la Fed a pris une nouvelle mesure destinée, cette fois, aux marchés émergents. Un accord de swap (d'échange) de devises permet désormais aux instituts monétaires brésilien, sud-coréen, mexicain et singapourien de prêter jusqu'à 30 milliards de dollars chacun.La baisse des taux de la Fed à 1 % ayant été largement anticipée, la réaction des places boursières a été très mitigée. Sur le marché des changes, l'euro a poursuivi son rebond jusqu'à près de 1,33 dollar, à la faveur de la baisse de l'aversion au risque, avant de se replier à nouveau et de repasser sous 1,30.En revanche, l'assouplissement généralisé des politiques monétaires et la mise à disposition de liquidités toujours plus importantes encouragent le dégel des marchés monétaires. Les conditions n'y sont certes pas revenues à la normale mais le Libor en dollar à 3 mois (à 3,19 %) et son pendant européen, l'euribor à 3 mois (à 4,79 %), se sont respectivement détendus de 162 et de 60 points de base depuis leur pic du 10 octobre.
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