Le doute

C'est peu de dire que la photographie des économies occidentales présente un ciel plutôt orageux pour 2008. Aux États-Unis, la crise des subprimes n'a pas fini de produire ses effets, à la fois sur la marche de l'économie et sur le système bancaire et financier. D'un côté, les banques souffrent - en atteste le lot quotidien des annonces de comptes calamiteux pour la fin de l'année - ; de l'autre, les marchés financiers sont ébranlés et, pour corser le tout, les fondamentaux de l'économie américaine donnent des signes alarmants de craquement. La forte dégradation de l'emploi, celle de l'investissement des entreprises ou encore la baisse de la consommation des ménages sont autant d'éléments d'un cocktail détonnant qui pourrait bien déboucher sur une récession. S'il se confirme, ce coup d'arrêt de l'économie américaine ne pourra pas être sans effets sur celle du Vieux Continent. Le degré d'inquiétude est tel que, pour la première fois depuis fort longtemps, on sent les banquiers centraux très démunis. À cet égard, le discours tenu hier par Ben Bernanke restera dans les mémoires. Il est en effet rarissime qu'un banquier central, qui plus est le patron de la toute puissante Réserve fédérale américaine, en arrive à un quasi-constat... d'impuissance et en appelle à une relance urgente de l'économie. En laissant entendre que la Fed n'avait plus que quelques cartouches à tirer en matière de baisse de taux d'intérêt et en s'interrogeant sur leur efficacité, Ben Bernanke écorne sérieusement un dogme. Celui qui veut que la Fed puisse à elle seule piloter l'économie américaine, comme elle a su si bien le faire sous l'ère d'Alan Greenspan. Mais il n'y a pas que Ben Bernanke à être atteint par le doute. Les atermoiements des pilotes de la BCE en Europe sont à placer dans le même registre. Un jour, deux de ses membres éminents se prononcent pratiquement pour une baisse des taux tant l'économie européenne est fragile. Le lendemain, l'institution se croit obligée de rectifier le tir, en rappelant les dangers d'une inflation galopante. Voilà qui fait mauvais genre. Ou, pis encore, qui traduit le degré d'incertitude dans lequel sont plongés nos gouverneurs.
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