Digital Equipment programme 7.000 suppressions d'emplois

Quatre cent soixante-quinze millions de dollars de provisions pour restructuration (soit 2,44 milliards de francs), 7.000 suppressions d'emplois, et une démission : celle d'Enrico Pesatori, vice-président et directeur général de la division des systèmes informatiques. Le couperet est tombé à nouveau chez Digital Equipment (DEC), le troisième constructeur informatique américain. Celui que l'on croyait presque tiré d'affaire après quatre années de pertes consécutives et un retour « remarqué » aux bénéfices l'an dernier éprouve à nouveau des difficultés pour atteindre ses objectifs. Et le marché micro-informatique est pour beaucoup, sinon pour l'essentiel, dans ses contre-performances. Vingt-quatre heures après la démission - effective immédiatement - d'Enrico Pesatori, patron de la branche PC, Robert Palmer, le patron de DEC donne le ton : « Il est évident que nous sommes mécontents des résultats financiers actuels. Les performances de notre division micro-informatique sont inacceptables. Et, de surcroît, nous sommes confrontés à un ralentissement significatif de nos ventes en Europe sur plusieurs marchés », explique-t-il en prévenant déjà la communauté financière que les résultats du quatrième trimestre au 30 juin 1996 seront inférieurs à ceux réalisés en 1995. Au dernier trimestre de l'exercice fiscal 1994-1995, le chiffre d'affaires s'élevait à 3,7 milliards de dollars. L'enveloppe affectée aux restructurations sera prélevée sur les résultats du quatrième trimestre, les comptes annuels devant être publiés le 30 juillet. Elle est destinée à couvrir les charges financières liées aux 7.000 nouvelles suppressions d'emplois qui viennent s'ajouter aux quelque 55.000 départs - près de 50 % de ses effectifs - déjà enregistrés depuis le début de la décennie. Cette charrette, qui doit être bouclée sur les douze prochains mois, affectera tous les secteurs géographiques du constructeur : Europe, Etats-Unis et Asie-Pacifique. La France ne sera pas épargnée par la tourmente (voir ci-dessous). Enrico Pesatori n'a donc pas réussi à positionner correctement le constructeur américain sur l'échiquier micro-informatique mondial. Arrivé en 1993 chez DEC, après un bref passage de deux ans à la tête de Zenith Data Systems, filiale du groupe français Bull et plus de vingt ans chez Olivetti, cet homme de cinquante-cinq ans travaillait depuis à la réorganisation de DEC (réductions des coûts, réaménagement des méthodes commerciales...) en étroite collaboration avec Robert Palmer. Son objectif : amener le groupe dans le « Top 5 » des constructeurs mondiaux et à n'importe quel prix. L'an dernier DEC occupait le douzième rang. Depuis, les problèmes s'accumulent. Au 30 mars dernier, les ventes de la division micro avaient chuté de 10 % sur l'ensemble des douze mois précédents. Chez les distributeurs, les invendus s'accumulent. Or, dans le même temps, les ventes de systèmes basées sur la puce Alpha, produit phare du groupe, explosaient de 60 %. Les analystes, pour la plupart, sont aujourd'hui critiques à l'égard d'un groupe dont les ambitions sur ce secteur ne semblent pas vraiment en adéquation avec sa force de frappe, surtout après quatre années de déficit. Pour certains, les pertes de la division atteindraient cette année 200 millions de dollars. Pour un consultant londonien, il ne manque à DEC que peu de choses pour rattraper son retard : « Sur les points fondamentaux, leur stratégie est bonne. Mais ils ont besoin d'un bon coup de pouce en terme de marketing ou de services ; quelque chose qui pourrait créer la différence avec la concurrence. » Gilles MUSI
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