La concurrence fourbit ses armes

Les groupes intéressés pour entrer sur le marché des télécommunications ont maintenant dix-huit mois pour se préparer. Mais, déjà, certains prennent date. Jean-Marie Messier, patron de la Compagnie Générale des Eaux (CGE), qui a fait des télécoms l'un de ses chevaux de bataille depuis son arrivée dans la Compagnie fin 1994, a ainsi annoncé jeudi dernier, lors de l'assemblée générale, la mise en place d'un pôle regroupant les activités télécoms du groupe, pour constituer une offre globale. Si la Générale des Eaux s'imagine, à haute voix, comme le futur numéro deux des télécoms en France, le groupe demeure discret sur ses ambitions. Présent dans les communications mobiles (SFR, Tam Tam) et les services aux entreprises (Siris), la Compagnie ne souhaite pas dévoiler sa stratégie sur le marché grand public et les synergies qu'elle pourrait exploiter entre ses activités télécoms et ses réseaux câblés. Juge-t-elle défavorablement les conditions édictées par la loi pour faire du téléphone sur le câble ? A moins que l'investissement que la CGE doit réaliser pour moderniser ses réseaux (hors plan câble) soit jugé non rentable. A l'inverse, la Lyonnaise des Eaux, le numéro un français du câble, compte bien attaquer le marché local des télécoms. C'est la filiale Lyonnaise Communications qui a été chargée du développement de cette activité. Une stratégie multimédia Selon Cyrille du Pelloux, le patron de la Lyonnaise Communications, l'investissement nécessaire serait limité : 500 francs par prise et 2.500 francs par abonné. De plus, le développement du groupe dans les télécoms entre dans le cadre d'une stratégie multimédia : la Lyonnaise Communications devrait ainsi généraliser très rapidement sur ses réseaux câblés son service d'accès à Internet, actuellement en cours d'expérimentation à Paris. Troisième acteur qui pourrait jouer un rôle de premier plan : Bouygues. Si les dirigeants ne font pas mystère de leur volonté de développer les activités télécoms, le groupe de BTP et communication semble néanmoins être aujourd'hui dans une position inconfortable. Contrairement à la CGE et à la Lyonnaise des Eaux, Bouygues ne dispose pas de réseaux câblés et n'a pas non plus développé d'activités dans les services aux entreprises. Son atout : la licence de téléphonie mobile dont il dispose. Mais son développement dans les télécoms peut être rendu plus aisé grâce à l'ouverture à la concurrence des infrastructures alternatives que sont les réseaux téléphoniques de la SNCF, d'EDF ou des compagnies d'autoroute. Elles pourraient constituer l'architecture de base de réseaux dont la partie terminale débouchant chez les abonnés (la boucle locale) pourrait être réaliser par ondes hertziennes. Mais France Télécom n'aura pas à batailler seulement contre des généralistes. La principale concurrence, et la plus redoutable pour l'opérateur public, pourrait bien venir de sociétés spécialisées sur certaines niches de marchés, comme les services aux entreprises (un secteur déjà concurrentiel) ou la longue distance. Thierry Gadault
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.