France Télécom face au casse-tête tarifaire

L'arrivée programmée pour 1998 de la concurrence totale dans le secteur des télécommunications mobilise l'ensemble des stratèges de France Télécom. L'opérateur, qui ne bénéficiera plus dans deux ans du moindre monopole, doit demander aujourd'hui aux pouvoirs publics, au cours de la table ronde sur la réglementation des télécommunications présidée par François Fillon, de lui donner les moyens de résister à l'arrivée de rivaux qui s'attaqueront en priorité aux segments les plus rentables du marché. Déjà, des sociétés comme MFS attaquent le créneau des services aux grandes entreprises, et des spécialistes du « call-back » se sont engouffrés sur les communications internationales. Cette politique de « l'écrémage », qui consiste pour un concurrent de France Télécom à ne propo- ser que certains services aux marges conséquentes, handicape l'opérateur public qui perd certains de ses clients les plus « rentables ». Première priorité pour France Télécom: pouvoir disposer d'une plus grande marge de manoeuvre en matière tarifaire afin d'être en mesure de riposter à ses concurrents. L'entreprise publique ne peu actuellement modifier ses tarifs sans avoir obtenu l'approbation de la tutelle étatique. Or les intérêts de politique intérieure et d'aménagement du territoire poussent parfois l'Etat à prendre des décisions incompatibles avec la logique d'entreprise. A titre d'exemple, les responsables de France Télécom, soutenus par les analystes du secteur, réclament depuis plusieurs années la possibilité d'augmenter graduellement le prix de l'abonnement. Mais, en dépit de la baisse générale des tarifs de communications (longue distance, tant nationales, qu'internationales), les pouvoirs publics rechignent à donner leur feu vert à une mesure impopulaire. France Télécom n'a pourtant guère le choix : l'augmentation progressive de l'abonnement est devenue une nécessité. Difficultés en vue Dans la situation actuelle, la structure tarifaire de France Télécom est déconnectée de la réalité des coûts : surfacturé, le longue distance « subventionne » encore les communications locales et des coûts de raccordement sous-évalués. Conséquence, les entreprises prin- cipales consommatrices de communications longue distance, sont « surtaxées » au profit des particuliers. Cet état de fait est pourtant incompatible avec les directives européennes qui imposent une structure tarifaire en harmonie avec les coûts, ainsi qu'avec la logique d'un environnement concurrentiel dans lequel France Télécom risque de perdre la clientèle de certaines entreprises, perdant du même coup des sources de revenus pour subventionner les particuliers. Pour faire face à ce manque à gagner, France Télécom, qui est obligé par l'Etat et par la pression concurrentielle de diminuer ses tarifs, ne peut donc faire l'économie d'une augmentation de l'abonnement. Toutefois, l'opérateur déclare être prêt à maintenir certains abonnements à bas prix pour les utilisateurs qui consomment peu et qui souhaitent surtout pouvoir être appelés. D'autre part, le gouvernement, qui compte maintenir une égalité de traitement tarifaire sur l'ensemble du territoire, devrait préciser aujourd'hui par quels moyens sera assuré le financement du service uni- versel. David BARROUX
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