CD vidéo : Thomson Multimédia et Matsushita font cause commune

cite>Thomson Multimédia et Matsushita ont décidé de s'associer pour occuper rapidement le marché du disque vidéo numérique. Vendredi, ils ont annoncé, au salon d'électronique grand public de Las Vegas (Consumer Electronics Show), la commercialisation conjointe, dès cet été, de leurs premiers lecteurs de CD vidéo. Le français et le japonais, qui s'étaient retrouvés côte-à-côte l'an dernier pour défendre la mise sur le marché d'un standard unique de disque vidéo numérique (dont le nom de baptême est DVD), effectuent là un rapprochement stratégique original qui leur permettra d'être parmi les premiers à lancer ce nouveau produit, présenté comme le successeur du magnétoscope. Les premiers lecteurs, qui devraient être vendus 499 dollars (environ 2.500 francs) sur le marché américain, ne permettront cependant que la simple visualisation de films, la possibilité d'enregistrer sur un support numérique des émissions diffusées à la télévision n'étant pas encore d'actualité. Mais les experts sont optimistes : bien que non enregistrable, le CD audio a rencontré rapidement un vif succès. Avec le DVD, on assiste à un nouveau saut technologique. Cette année sera celle de l'expérimentation grandeur nature et, dès 1997, les ventes se compteront en plusieurs centaines de milliers d'unités. Le japonais, qui construit déjà certains magnétoscopes pour le compte de Thomson, produira en 1996 les lecteurs DVD que le français distribuera sous ses propres marques (Thomson, Saba, RCA...). Cet accord, limité dans le temps, permettra de réaliser des économies d'échelle dans le développement comme dans la production. Un débouché pour les majors américaines Que le marché du DVD décolle rapidement, et Thomson prendra dès 1997 la production à son compte. « Cet accord permet d'amortir plus rapidement les coûts de recherche et de développement, explique un responsable de Thomson. Tout doit être fait pour diminuer les coûts afin d'être en mesure de proposer un produit grand public dont le prix sera abordable. » Afin de séduire les consommateurs, Thomson Multimédia a également noué un accord de collaboration avec Warner Home Vidéo, qui devrait fournir jusqu'à 250 films pour apaiser la soif d'images du public. Les géants de l'électronique ne sont en effet pas les seuls à miser sur le succès du DVD. Les majors d'Hollywood soutiennent activement ce nouveau débouché pour leurs catalogues de films. Traité sur un pied d'égalité par le numéro un mondial de l'électronique grand public, Thomson a, d'autre part, conclu un contrat de fourniture d'équipements de réception de chaînes de télévision numérique avec Matsushita. Le groupe français, qui a mis au point la technologie de réception de télévision numérique par satellite avec Hugues (DSS), devient ainsi le sous-traitant du japonais. Pionnier du numérique, Thomson est étroitement lié au succès de Direct TV, un bouquet de cent cinquante chaînes numériques qui a déjà séduit plus de 2 millions d'Américains. En misant sur le numérique, la firme française, plombée par un très lourd endettement (12 milliards de francs), a retrouvé un peu de dynamisme et promet un résultat opérationnel positif en 1995. Devenu un fournisseur crédible, disposant d'un savoir-faire technologique, le groupe, dirigé depuis 1992 par Alain Prestat, se dit « fier d'avoir investi au bon moment, au bon endroit ». « Le numérique n'a rendu pour l'instant que 10 % de son potentiel », déclare un proche d'Alain Prestat, qui note que le simple marché de la télévision numérique est encore balbutiant en Europe. Reste que, pour le groupe français, qui réalise 50 % de son chiffre d'affaires aux Etats-Unis, le cours actuel du dollar est particulièrement pénalisant. David BARROUX
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