ATT va supprimer 40.000 emplois en trois ans

L'année commence mal pour les employés d'ATT. La compagnie américaine de téléphone a annoncé, hier, qu'elle supprimerait au moins 40.000 emplois (sur 300.000) durant les trois prochaines années dans le cadre de la scission du groupe en trois compagnies distinctes (services de téléphone, matériel de télécommunications et informatique). Pour le personnel, la pilule sera difficile à avaler : 70 % des suppressions de postes auront lieu dès cette année, et les trois quarts d'entre elles se traduiront par des licenciements secs. Les charrettes toucheront avant tout les unités de fabrication de matériel et les services de téléphone longue distance et cellulaire. Le groupe avait déjà annoncé, en novembre, la suppression de 8.500 postes dans sa division informatique, l'ancien NCR racheté en 1991. On savait que la scission du groupe, annoncée en septembre - le « deuxième démantèlement » d'ATT - serait accompagnée de dégraissages importants. En revanche, l'ampleur des mesures révélées hier - il s'agit de la plus importante annonce de suppressions d'emplois depuis les 50.000 éliminations de postes annoncées par General Motors en 1993 - dépassent les attentes des experts. En conséquence, le titre ATT a progressé, hier matin, à Wall Street, bien que le groupe doive constituer une provision de 6 milliards de dollars pour couvrir le coût de la restructuration. « Le théâtre d'une concurrence acharnée » Comme la scission, les dégraissages ont pour objectif de préparer ATT à affronter la concurrence que l'on attend de la déréglementation des télécoms sur le point d'être bouclée au Congrès (le vote est retardé par des dissensions de dernière minute parmi les républicains de la Chambre des représentants). ATT veut à la fois être capable de se défendre contre l'invasion de son marché (le téléphone longue distance) et revenir sur le marché local monopolisé aujourd'hui par ses enfants prodigues, les Baby Bell. Les suppressions de postes commenceront immédiatement et seront peu étalées, car il faut faire vite. Selon les experts, les compagnies régionales pourraient ravir à ATT le tiers de sa part du marché longue distance en dix-huit mois ! « ATT estime que le marché du téléphone local va être le théâtre d'une concurrence acharnée », commente l'analyste Scott Wright (Angus Research). « Les suppressions d'emplois sont une manifestation supplémentaire des im- portantes restructurations et décentralisations auxquelles procèdent les sociétés de téléphone. La question est de savoir si les deux grandes compagnies qui émergeront de la scission - le nouveau ATT et le fabricant de matériel - pourront tirer leur épingle du jeu. » La réponse dépendra dans une large mesure de la déréglementation. « Les conditions auxquelles le Congrès autorisera ATT à pénétrer le marché local et les compagnies de téléphone locales à offrir des services longue distance déter- mineront largement la rentabilité future d'ATT », estime l'analyste Robert Wilkes (Brown Brothers Harriman). Jean-Marie Macabrey à Washington
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.