Les nouvelles pièces du dossier

1. La lettre de Loïk Le Floch-Prigent aux cadres dirigeants de GDF « J'aurais continué à garder le silence si un magazine n'avait relaté des pertes de 2,5 milliards de francs qu'auraient eu à subir sous ma présidence les filiales financières du groupe Elf (...) Or le rapport de la Cour des comptes [Ndlr : auquel se réfère l'article] exprime une toute autre version de la réalité : la plupart des participations citées ont été soit prises soit engagées avant ma nomination ou dans le cadre de procédures qui excluaient le contrôle du président (...) J'observe, par ailleurs, que la Cour des comptes ignore pourquoi, dès fin 1991, j'entrepris une profonde réforme de cette activité. Il se trouve que j'avais été alerté par deux rapports d'audit interne qui m'apprenaient l'état désastreux de la gestion des participations financières (...) Force est de constater que la Cour des comptes, bien qu'elle en fit la demande expresse, n'a pas eu communication de ces documents d'audit : de ce fait, la compréhension du dossier en a été grandement altérée. J'ai informé le premier président de la situation et sollicité la réouverture de l'enquête. Je terminerai en précisant que la Haute Juridiction ne m'a jamais interrogé... » A propos du dossier Bidermann (voir également ci-contre), la lettre note que la COB « a instruit une enquête et transmis ses conclusions au parquet en 1994 », et que son « successeur à la présidence d'Elf a déposé en mai 1995 une plainte contre X relative à ce dossier ». Mais que lui-même est « incapable d'exprimer le moindre avis sur ces deux événements », n'ayant été « interrogé ni par la Commission des opérations de Bourse ni par la justice ». 2. La lettre à Pierre Joxe, président de la Cour des comptes, en date du 21 novembre 1995 « Force est de constater que les procédures appliquées par la Haute Juridiction font que je n'ai été ni averti ni interrogé tout au long de sa mission et que je me trouve subitement, sans pouvoir ni comprendre ni réagir, l'objet de graves mises en cause (...) La chronologie des événements montre assez bien que je n'ai pas attendu les remarques de la Haute Juridiction pour prendre des décisions dans ce domaine. En revanche, je crois comprendre que la Cour n'a pas eu connaissance des deux rapports d'audit interne sur les société financières : je ne peux que m'étonner de la non-production de ces rapports, d'autant plus que le diagnostic et les propositions contenues dans ces rapports vont servir de fondement à toute mon action concernant ce secteur d'activité. » « Lors de sa mission, la Cour a auditionné l'autorité en place qui (...) était différente de celle qui oeuvrait pendant la période sous enquête. De ce fait, certaines des explications données à la Cour se révèlent partielles, voire tout simplement fausses. » 3. Le rapport de la Cour des comptes Diversification. Les pertes enregistrées par Elf dans ses investissements de « diversification » concernent, « à l'exclusion des engagements pris sur Bidermann, des affaires spéculatives à risques sur lesquelles le groupe s'est engagé la plupart du temps sur une position minoritaire sans s'assurer suffisamment de la crédibilité et de la capacité des opérateurs et des autres partenaires et sans se donner les moyens de les suivre sérieusement. La dilution des responsabilités qui semble avoir prévalu jusqu'en 1991 au niveau de la direction financière n'a pu que renforcer cette dérive. » Bidermann. « A la date de la privatisation du groupe, l'ensemble des titres et créances du groupe Elf sur Bidermann (...) ont été entièrement cédés à des sociétés anglo-normandes (...) après actualisation des intérêts (...) et provision pour dépréciation à hauteur de 100 %. La Banque Lazard estimait en effet (...) qu'il n'était ni raisonnable ni prudent (...) de donner une valeur à ce groupe (...) Elf s'est engagé avec de nombreux investisseurs institutionnels dans le soutien à un groupe textile français. Cette décision a été (...) marquée (...) par l'engagement personnel du président du groupe et par la conception qu'il avaitson rôle dans le sauvetage et le développement de l'industrie française. Le bien-fondé d'une telle intervention n'est cependant pas acquis (...) aucune autre société pétrolière n'ayant jugé utile de développer des synergies avec ce secteur industriel... » Les placements boursiers. « Elf n'avait ni la vocation, ni les moyens, ni la compétence pour gérer autant de lignes et les risques inhérents à une activité multidevises... » SGI. « Elf a acquis une participation de 22 % dans ce holding, possédant un investissement dans un complexe hôtelier et sportif à Dieulefit dans la Drôme (...) aux côtés d'intérêts financiers saoudiens (...) A partir du mois de juillet 1991, Elf a cherché à se désengager de cette affaire qui s'inscrivait en réalité dans le cadre des relations qu'il souhaitait développer avec l'Arabie Saoudite (...) La décision d'Elf d'apurer ses comptes en préalable à son désengagement visait à protéger les intérêts et la réputation du partenaire saoudien (...). »
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