Paris paie la facture de ses excès

Paris, « la plus belle capitale du monde », aurait-elle perdu de son attrait auprès de la clientèle internationale ? Une chose est sûre, les événements de l'an dernier (attentats de juillet 1995, reprise des essais nucléaires en septembre et grèves du service public de décembre) ont brouillé l'image de la capitale à l'étranger. Et la bonne tenue du franc n'arrange rien. Tous les professionnels s'accordent : la destination Paris, pourtant compétitive au niveau de l'hébergement par rapport aux autres capitales européennes, est globalement trop chère, notamment pour les loisirs et les sites touristiques. Certains vont jusqu'à avancer que « Paris n'est plus à la mode », les touristes étrangers préférant aller faire leur « shopping » chez nos voisins, à Rome ou à Londres. Pour preuve, « les hôtels londoniens ou romains affichent des taux d'occupation de l'ordre de 80 % », estime Georges Panayotis, président du cabinet MKG conseil spécialisé sur le secteur, tandis que l'hôtellerie parisienne, en particulier la catégorie quatre étoiles qui souffre le plus, atteint péniblement (à fin mai) la barre des 59 %. D'ailleurs, les chiffres de l'office de tourisme de Paris, sur les cinq premiers mois de l'année, le prouvent : toutes les principales nationalités s'inscrivent en recul par rapport à la même période en 1995. Et l'on parle même d'un effondrement de la clientèle japonaise, qui consomme six fois plus qu'un autre touriste ! Certains tour-opérateurs asiatiques auraient tout juste programmé la capitale française sur deux jours, voire rayé de leur liste pour d'autres. « Depuis juillet 1995, nous avons enregistré une baisse de la fréquentation de 20 % », précise Keiko Hyakutake, en charge de la direction marketing de l'hôtel Nikko à Paris. « Une calculette à la main, ils savent faire la différence entre les prix pratiqués en centre-ville et dans les aéroports et, d'une manière générale, on les sent moins enclins à dépenser », souligne Arnault Delattre, directeur générale de Saresco, qui compte soixante magasins d'aéroport et vingt-six magasins en centre-ville, dont six spécialisés sur la clientèle touristique. Jusque-là attachée aux marques de prestige françaises, « la clientèle asiatique tend aujourd'hui à préférer les marques italiennes, voire américaines », reconnaît-on chez Licia et au Printemps, magasins qui pratiquent la détaxe auprès de leur clientèle internationale. Les professionnels veulent encore croire à une reprise. Pour l'heure, les premières tendances du comité régional du tourisme pour l'Ile-de-France, sur l'été, semblent montrer que la baisse de la clientèle japonaise devrait être compensée par l'augmentation des touristes américains et canadiens, tandis que les Britanniques restés chez eux pour l'Euro du football devraient revenir grâce au raffermissement fermeté de la livre. Si la fréquentation devrait progresser légèrement (de l'ordre de 2 %), elle devrait, en revanche, se traduire en termes de pouvoir d'achat par une baisse significative : « Très sensibles aux fluctuations monétaires, les touristes ont réduit leurs dépenses de 10 % à 15 % et se précipitent sur les formules les plus simples, n'hésitant pas à supprimer un repas ou une visite pour coller à leur budget », confirme Ghislain de Richecour, directeur général des autocars Paris Vision. Chantal Colomer
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