Aérien + British Airways affronte son premier grand conflit social depuis sa privatisation

British Airways figure plus souvent à la une des journaux pour ses profits exemplaires (1,9 milliard de livres en cumul depuis 1993, quelque 16,6 milliards de francs) que pour ses conflits sociaux. Ce sont pourtant des menaces de grève qui agitent en ce moment la compagnie. Avec, de part et d'autre, une forte détermination. La direction a ainsi évoqué la possibilité de licencier les grévistes ou d'engager des poursuites judiciaires à leur encontre. « Possibilité de dernier recours », affirme- t-elle, tout en assurant que British Airways « ne cherche pas le conflit ». Plan d'économies. Les hôtesses et stewards avaient voté massivement la semaine dernière en faveur du principe d'une grève, pour cause de conflit salarial. Environ 8.000 navigants commerciaux (sur 12.000) sont affiliés au syndicat TGWU (Transport and General Workers'Union) et ont voté à 73 % en faveur d'une action qui se traduira par des arrêts de travail de 72 heures ou par d'autres formes de perturbations au cours de ce mois. De plus, le personnel au sol est mécontent au sujet de la vente de la filiale restauration et menace, lui aussi, de faire grève cet été. En septembre, la compagnie avait annoncé son intention de supprimer 5.000 emplois dans les dix-huit prochains mois avant de recruter environ le même nombre de personnes dans le cadre d'un vaste plan destiné à réduire les coûts, des mesures destinées à dégager 1 milliard de livres (9 milliards de francs) d'économies au cours des trois prochaines années. La direction aura besoin de paix sociale pour mener à son terme sa stratégie consistant à recentrer l'activité uniquement sur le transport aérien, sous-traitant tout le reste. L'exercice d'un droit limité. Si la grève éclate, ce sera la première d'envergure depuis le retour des travaillistes au pouvoir. Le droit de grève en Grande-Bretagne a été soumis par Margaret Thatcher à des règles et des conditions si strictes que son usage s'en trouve limité. Pour faire voter une grève, les syndicats doivent effectuer un véritable parcours du combattant. Sur le fond, il faut d'abord que le motif de l'action soit reconnu comme légal. Faire grève pour manifester sa désapprobation avec le gouvernement ou par solidarité avec d'autres salariés, c'est par exemple tomber dans l'illégalité. S'il estime qu'une grève n'a pas de justification légale, un employeur peut traîner les syndicats en justice. Sur la forme, les syndicats sont soumis à une législation très pointilleuse quant aux conditions d'organisation et aux modalités du scrutin. Ils n'ont pas droit à l'erreur : si l'employeur conteste le scrutin pour vice de procédure et gagne, les syndicats lui devront des dommages et intérêts. Dans tous les cas, l'employeur a un droit de sanction. Même si la grève est légale, il peut prendre des mesures de licenciement. Seule restriction : la sanction doit affecter tout le monde, ou alors elle n'est pas autorisée. S'il choisit de se débarrasser de tout son personnel, il doit attendre trois mois avant de réembaucher. Si la grève est jugée illégale, l'employeur ne se heurte plus à aucune barrière : il peut licencier à sa guise. Dans l'affaire British Airways, le motif est clairement légal et aucun vice de procédure ne peut être reproché à la procédure du scrutin, affirme un porte-parole du Trade Union Congress. Patrick Marx, et Nava Dahan à Londres
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.