Docks de France : une contre-offre peu probable

Passera, passera pas ? Trois jours après le lancement effectif de l'OPA hostile d'Auchan sur Docks de France, rien de décisif ne se dessine. En Bourse, le cours de Docks de France reste en deçà de celui proposé par le distributeur nordiste, dans un marché modérément actif. L'action a terminé la séance d'hier à 1.216 francs, en repli de 1,4 %, avec 181.000 unités traitées. « Certains détenteurs préfèrent concrétiser leurs gains maintenant plutôt que d'attendre la fin de l'OPA, observe un spécialiste. Et les arbitragistes achètent un peu. » Le sentiment général est que Docks de France ne cherche pas à faire ramasser des paquets d'actions par des mains amies. « Ce serait un des moyens de défense pour le groupe tourangeau. Car, détenant avec ses alliés 42,6 % des droits de vote, il pourrait théoriquement monter jusqu'à la majorité. Mais cela suppose que les trois familles, Dian, Toulouse et Deroy, restent étroitement unies. Et à cet égard, le départ de Christian Toulouse laisse songeur », commente un analyste. D'autres estiment que les familles cherchent plutôt à faire monter les enchères. Ce qui, pour l'instant, est démenti par l'évolution des cours de Bourse. L'arrivée d'un chevalier blanc semble s'éloigner. L'intervention des britanniques Tesco ou Sainsbury est jugée peu probable par les spécialistes. Par ailleurs, il se confirme que Jean-Charles Naouri ne veut pas engager Casino dans une opération aussi coûteuse. Quant à Promodès, s'il avait fait des propositions l'an dernier à Docks de France, il a abandonné. Certains soulignent que le patron de Docks de France doit regretter aujourd'hui d'avoir repoussé un rapprochement amical. Cependant, certains observateurs jugent que le succès d'Auchan est très loin d'être acquis et soulignent que Gérard Mulliez, de toute façon, paierait cher le groupe tourangeau, entre vingt-cinq et trente fois les résultats. « Une autre possibilité, observe un analyste, est qu'Auchan, sans parvenir à acquérir la majorité de son concurrent, conserve ses titres, parvienne à convaincre les familles et rachète leurs parts. Certes, il s'est réservé le droit de renoncer s'il n'a pas la majorité mais ne s'y est pas obligé. » Les chiffres révélés par le groupe de Gérard Mulliez dans la notice de présentation de l'OPA confirment la solidité du groupe. Avec 457 millions de francs de résultat net part du groupe pour 46,7 milliards de chiffre d'affaires, la rentabilité nette est de l'ordre de 1 %, ce qui est la norme dans la distribution. Toutefois, l'an dernier, le groupe a provisionné 800 millions de francs sur des terrains sur lesquels le groupe ne peut plus construire de magasins. Le résultat d'exploitation, à 1,84 milliard de francs, est à un niveau satisfaisant, tout comme la capacité d'autofinancement, à 2,7 milliards. Cependant, pour certains, l'endettement paraît relativement élevé, à 3,6 milliards de francs face à 4,2 milliards de fonds propres. Mais le groupe Mulliez ne se borne pas à Auchan et peut aligner d'autres divisions, de Leroy-Merlin à Décathlon en passant par Boulanger... Michèle Cohen-Chabaud
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